C’est le régal de la dernière représentation. Le moment de temps suspendu où l’on sait très bien que sur les derniers projecteurs,
l’éphémère va finir de se brûler les ailes… Nous sommes plusieurs à tourner ce soir dans la lumière, à nous étourdir à l’électricité du spectacle. La salle du
Moulin à Sons est remplie.
Les demoiselles de la Tarentelle tournoient déjà dans le
faisceau de projos. Les images et les scènes défilent, « jusqu’à la dernière syllabe d’un mot » et jusqu’à la dernière note. L’accordéon de Dominique. Beaucoup d’émotion, des fleurs
montent des coulisses, floraison sicilienne poussée quelque part sous la rampe… « Lacrime di pagliarci », « larmes de Pierrot tristes ».
Tout le
spectacle a semé les éclats de son, (et de polenta !) soulevés sur les ailes du Moulin à Sons comme le suggérait l’improvisation finale. Multiplication des numéros
d’improvisation… Francesca qui, au milieu d’une envolée sur les fleurs et les pollens de Santo Stefano, réagit à l’éternuement d’un spectateur : « à tes souhaits ! », Alan qui
surgit dans une veste rouge à la mode Rubett’s, sans les chaussures blanches, lunettes noires sur le nez, accordéon en bretelles un peu défaites…
L’heure est à la confidence. Confidences de Gilda, impeccable dans ses jeux de
scène, de Tiziana et d’Ornella, tremblantes dans les bras de Salvatore, de Gigi, souverain dans son défi au ponton, de Carolina, qui voltige sur ses planches, de Lauredana, plus
intraitable que jamais. Je suis en coulisses, je savoure la liqueur du texte, me délecte de la scène de couple en contrepoint, et ces voix et ces accents qui la font si bien
couler si bien, comme tout le reste d’ailleurs. Serveur hitchkockien enfermé dans son bar à café, je me grise à l’absinthe de la troupe avant de refermer boutique.
« Rideau ! »

Inizio di tutto...