Séance de signature très intimiste samedi matin dans le cadre de la librairie du château. Un peu à l'image de ce que
je disais sur les bonnes librairies dans ce blog. Je suis arrivé avec quelques minutes de retard à cause de la neige et j’ai retrouvé un cercle de fidèles à Nicole, qui trône au milieu de ces
livres qu'elle aime bien et qu'elle conseille au lecteur. Les journalistes sont arrivés ensuite, pour quelques photos prises dans le feu de l’action, ce que je préfère largement !
Il y avait là quelqu'un de très sympathique, ancien agent au lycée qui exerçait dans les deux premières années où je
suis arrivé et qui se souvenait des débuts du théâtre. Il y avait aussi l'une des lectrices que j’avais rencontrée lors de la lecture publique à la même librairie. Deux, trois autres visages
familiers, et aussi, et c'est insolite dans le cadre de cette petite librairie du centre Bretagne, une dame en séjour à Pontivy, originaire du Texas, bref une Américaine qui partage sa vie entre
ces deux endroits si différents de la planète. Bien sûr, elle était intéressée par ma démarche américaine : l'ouvrage sur Tennessee Williams notamment.
J'ai donc pu m’exprimer sur l'origine de ma démarche théâtrale, mes choix de texte, de mise en scène, de
distribution. Nous étions tous debout en demi-cercle (la librairie est petite) et je pouvais m'adresser tour à tour à ceux qui m'interrogeaient, sans pour autant prolonger l'intervention de façon
à ménager la convivialité précieuse qui régnait.
J'ai également échangé quelques impressions avec les deux lectrices qui avaient déjà acheté le livre et l’avaient
lu. L'une d'elles soulignait qu'elle avait été marquée par le caractère comique que l'on trouve indéniablement dans le texte (je revendique cet aspect qui figure également dans
les tragédies de Shakespeare et qui est assumé en grande partie par les sorcières mais aussi par le regard ironique, caustique que je porte sur le fameux metteur en scène ! La question
inévitable est d’ailleurs posée à son sujet : autoportrait ? Autobiographie ? Ce qui est sûr, c’est que j’ai dessiné Ronald à partir de modèles connus dans le monde du spectacle et
je ne citerai personne !) L’autre lectrice revenait sur l’effet de surprise ménagé par la fin. Elle n'est pas la première à me dire cela. Lou l'affirme triomphalement :
"nous pouvons nous aimer à visage découvert!", ce qui incite le lecteur à relire et à décrypter le langage double de la sorcière. (Chez Shakespeare, la sorcière n'est-elle pas l'experte du
langage double et c'est d'ailleurs ce qui contribue à leurrer l'aveuglement de Macbeth ! et du lecteur !)
Cette approche de la lecture nous a amenés à indiquer qu'il y avait dans l’acte de lecture quelque chose qui
appartient à l'ordre de la création. Suite à une remarque sur les différents modes d’expression, je soutenais l'idée qu'un lecteur découvre un véritable mode d’expression à travers le livre. Il
faut en effet abandonner la fausse conception du lecteur passif, qui ne ferait que se laisser aller à la lecture. Au contraire, au cours d'une lecture, le lecteur est créateur. Il donne quelque
chose de lui-même à ce que l'auteur propose. Michel Tournier utilise une métaphore explicite pour suggérer l’idée : il écrit quelque part que l’écrivain est « un vampire sec ».
Nous avons aussi parlé de la langue française, de la difficulté (et du charme !) qu'il y a de passer d'une
langue à l'autre, et la présence de cette dame américaine apportait un éclairage intéressant à nos questionnements. Quelqu’un m’a aussi posé la question du choix des noms dans « le
Ceilidh », ce sera le prochain thème de ce blog.
Pour info : Jenny a travaillé le site pour le rénover, il est en ligne depuis hier, j’en rappelle l’adresse :
http://www.ericbertrand.fr
Light in books and light in skyes...