C’est en Ecosse, au cours du premier voyage en train déjà évoqué dans le blog, que j’ai découvert Gainsbourg. En
Ecosse et sur les bords du lac Windermere. Nous venions de
décrocher notre bac littéraire et après l’étude de Ronsard, mon copain, Henri, et moi trouvions dans ce Gainsbourg aux accents de Cassandre, d’autres roses et d’autres mignonnes ! Pour
accompagner la réussite, je m’étais acheté l’album
« Histoire de Melody Nelson » et je n’avais pas encore eu le temps de le prêter à « Sir Henri » (il
revendiquait ce surnom, signe de l’élégance du dandy)
Au moment du départ pour les îles britanniques, j’avais tout le disque bien en tête, et je lui récitais des extraits
entiers, et je lui racontais les différents « chapitres » de ce concept album découvert juste après « l’Homme à la tête de chou ». Il n’en revenait pas.
L’audace des images, le son des mots, l’érotisme des situations. J’ai vu Sir Henri s’extasier devant les « variations sur Marilou », et « la nuit bleue lavasse de sa paire de
Levis »… Et le paysage britannique s’imprégnait imperceptiblement de la coloration du disque, reflets des lacs, bruyères mauves et blanches, moutons égarés, murets en
pierres grises, grosses voitures métallisées, petites routes sinueuses et « passing places », Jaguar type E, Silver Ghost… et quand j’entends aujourd’hui cet
album, immanquablement il a pour moi les couleurs mordorées de cette fin d’été à Windermere et au Caithness…
« Tu t’appelles comment ? Melody. Mélody comment ? Mélody Nelson. »