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Le baladin du monde occidental

Publié le par Eric Bertrand

L’Irlande à l’honneur mercredi soir au théâtre de la Passerelle où j’ai accompagné une petite cinquante d’élèves à l’occasion de ce qui devait être la dernière sortie au théâtre de l’année. « Le Ceilidh » excepté bien sûr. Curieuse coïncidence d’ailleurs que la programmation de cette pièce à cette période de l’année. Au début du XX° siècle, le dramaturge Synge évoque un milieu âpre, celui de l’Irlande rustique où les relations entre les êtres sont étranges, marquées par une forme de tragique.
              Cela m’a fait penser au film « The Field » du réalisateur irlandais Jim Sheridan. Un jeune homme arrive dans un village et proclame qu’il a tué son père, ce qui lui donne une aura et une stature qu’il n’avait pas auparavant. Les filles sont à ses genoux et se battent pour lui. Elles ont la folie des sorcières et, le comble, se jètent le même poulet à la figure… La nouvelle coqueluche trône dans le pub parmi les odeurs de tourbe, jusqu’à ce que le père le retrouve et rétablisse son pouvoir.
              Ce qui était amusant pour les comédiens du « Ceilidh » qui se trouvaient là, c’est qu’ils ont retrouvé un peu de cette atmosphère qui leur est désormais si familière : folie des personnages, éléments tragiques, noms à consonance celtique, nourriture et boissons (bière brune, bouillie d’avoine), vocabulaire qui évoque la nature omniprésente : océan, lande, falaise. Ce qui était instructif et même « formateur », c’était de savourer le jeu des acteurs, cette maîtrise de la voix, la gestion des silences, le travail du corps qui confine au mime (savoir bouger sur scène est un art), le sens de l’occupation de l’espace (jamais de disproportion, toujours une organisation quasi géométrique des figures du groupe), l’absence de complexe… A partir du moment où on occupe un rôle, on va jusqu’au bout, sans redouter le ridicule. Le public en sait toujours gré.

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Sinclair Girnigoe Castle (collection personnelle)

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