« La grammaire est une chanson douce » Erik Orsenna. (3/5)
Comme la silhouette de Proust rencontrée hier semble vouloir l’indiquer, l’opération de mémoire est salutaire dans cette île et les deux îliens qui servent de guide à Jeanne et Thomas gardent en mémoire la tragédie d’une autre île désertée de l’archipel : les mots s’y sont vidés de leur contenu et le sable a tout envahi. Comme le constate l’un d’eux (et à travers lui l’auteur) chaque année, 25 langues meurent et avec elles, des mots, et la réalité qu’ils désignaient, la couleur qu’ils déposaient sur les choses...
Plus dangereuse encore, la politique menée par le gouverneur, un certain Nécrole, qui brûle les mots et les livres afin de simplifier la langue, la rendre utilitaire. Cet aspect du livre est particulièrement pertinent quand on pense à tout ce qui est en train de se produire autour de nous dans les domaines de la société et de l’éducation.
L’auteur du « Loft History 2084 » retrouve ici son cheval de bataille et toutes les mises en garde que l’ouvrage comportait contre les
appauvrissements du langage. Je reviens demain sur cette dimension.