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Silhouette mauresque : la serveuse de Balestrate

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 2.08 : reprise attendue du travail. Il est difficile psychologiquement d’abandonner un travail de création dont on touche le centre névralgique ! Une sorte de rage de dents !
              C’est avec plaisir et avidité que je retrouve mes personnages et leur village. En l’occurrence, je m’occupe aujourd’hui de la scène des filles. Les trois Italiennes qui épient Gilda sur son ponton… L’intérêt du travail consiste à mettre le trait sur la différenciation entre chacune d’elles.
              Tiziana et Lauredana incarnent l’esprit de village alors qu’Ornella manifeste une différence et un tempérament rebelle que je définis notamment par référence à une scène de transgression en présence de sa famille. Au physique, elle a une beauté mauresque, ce type de beauté qu’on rencontre chez certaines Siciliennes et je pense notamment au visage de cette fille qui servait au bar près de l’église, à Balestrate…
 
HPIM0101.JPG
Musica siciliana davanti alle case...
 
Rubrique Goncourt : suite du « café littéraire »
-         « Un Pont d’oiseaux » un début intéressant mais le lecteur n’en est arrivé qu’à la page 61…
-         «Journal d’hirondelles » : un personnage touchant, mais une fin bâclée…
-         « Fils unique » : développement un peu lourd. Un certain sens du détail. Intérêt historique. Une histoire à rebondissements.
-         « Disparaître » : tendance à la répétition et à la confusion.
On voit qu’on en est encore au stade de la découverte mais que déjà des humeurs se font sentir. Tous les romans pas été abordés. Il en manque encore un au CDI : «Supplément au roman national »
 
Réaction de collègue :
« Si je suis content de voir la plupart des élèves "jouer le jeu" et s'investir dans la lecture, j'avoue avoir du mal à établir une dynamique dans les débats. Mes élèves de première ES manquent d'assurance à l'oral et ont des difficultés à émettre des jugements sur les oeuvres. Je ne les blâme pas : mon sens critique sur la littérature contemporaine s'est développé bien après le lycée ! 
Mais j'ai de plus en plus le sentiment que les choses ne peuvent pas aller très loin : les commentaires sur Nothomb, par exemple, peinent à dépasser l'antithèse "c'est bien, parce que c'est agréable à lire" / "c'est pas bien, parce que c'est inconsistant" (et j'ai du mal à trouver des pistes de lecture plus excitantes...).Du côté de Bataille ou de Boulin, l'antipathie règne (je la partage, d'ailleurs...). Après un début tonitruant, Littell a été mis de côté. Quant à Laurens ou Lapouge (que je n'ai pas encore lus), je crois comprendre d'après ce que je lis et ce que j'entends qu'ils ne déchaîneront pas les passions : dès lors, difficile de reprocher à ceux qui ont entrepris de les lire de les abandonner. 
Certes, les livres circulent, vont et viennent, les élèves lisent, s'efforcent de bien faire, mais face à des romans pas assez enthousiasmants dans l'ensemble pour des lycéens (beaucoup sont très critiques par rapport au manque d'histoire, aux bizarreries du style et à l'omniprésence de la sexualité), je me demande si l'intérêt va se maintenir. Et même si je sais que les discussions prendront un tour plus stimulant quand certains livres auront été lus par beaucoup d'élèves, je ne peux m'empêcher de m'interroger. En attendant, les silences et les réserves des élèves m'obligent à prendre la parole et finalement à exprimer mes vues sur les bouquins, ce qui, je pense, a tendance à les intimider. Le cercle vicieux, en somme !
Cela dit, je ne suis ni découragé, ni dépité : je prépare de nouveaux exercices pour "relancer la machine" et reste attentif à vos messages ! »
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