Rubrique Goncourt : « Les Bienveillantes »
La compréhension
de ce roman dont il faut percevoir la profondeur passe aussi en amont par une réflexion sur les conditions du génocide. D’où le rôle du cours d’histoire dans cette approche d’une
œuvre que je n’ai, hélas, pas encore lue !
Exposé de Mélinda : Mélinda est arrivée à lire environ 450 pages et elle trouve que
la lecture en devient de plus en plus intéressante au fur et à mesure que l’on progresse dans l’œuvre. On rentre davantage dans la psychologie des personnages et dans l’analyse des éléments
sociaux et historique…
Comprendre le contexte dans lequel agit le narrateur du roman
Anna Arendt : réflexion sur le régime totalitaire.
Il s’appuie sur la volonté de soumettre le plus grand nombre. Ce type de régime se met en place en s’appuyant sur les masses, ce que
Ionesco a pu appeler « les rhinocéros ». Dans la masse, l’homme perd sa singularité et croit aveuglément ce que la tête lui demande de croire. Les règles élémentaires de la
pensée sont abolies. L’esprit critique disparaît. Faute de mots, la pensée s’appauvrit et « s’exécute » au sens à la fois où elle se donne la mort et où elle obéit, elle suit « les
ordres », sans comprendre. On peut évoquer en cela la société totalitaire imaginée par Bradbury dans Fahrenheit 451 où les livres ont disparu car ils sont considérés
comme des ferments de danger.
Anna Arendt : les camps d’extermination.
Dans le camp d’extermination, le « programme » mis en place est un programme d’élimination systématique. Anna Arendt se pose la question
suivante : comment exécuter un programme d’une telle barbarie ? Comme l’indique Lévi, ce ne sont plus des hommes qui sont éliminés mais des marionnettes humaines, de sorte qu’aux yeux
des exécutants, l’exécution aille de soi. Extrait des Origines du totalitarisme dans lequel l’auteur explique que le camp d’extermination n’est pas seulement un lieu
d’exécution mais un lieu d’expérimentation de la déshumanisation. Extrait de Si c’est un homme de Primo Lévi : l’arrivée au camp d’Auschwitz. L’auteur y explique
le processus de destruction à laquelle le prisonnier du camp est soumis. .
Anna Arendt. Le procès d’Adolf Eichmann ou la banalité du mal.
Un tel homme n’est pas un monstre (ce qui aurait été rassurant) mais un homme ordinaire. La réflexion avait été déjà menée par Robert Merle dans son
livre : la mort est mon métier. L’auteur explique que le camp fonctionne de la même manière qu’une machine infernale, et que tout fonctionnaire l’actionne avec la même froideur que le
personnage de Kafka dans la Colonie pénitentiaire. Le personnage (Rudolf Hoess, commandant d’Auschwitz dans la Mort est mon métier) est le produit d’une société
totalitaire qui engendre des individus incapables de penser par eux-mêmes, des individus qui ont perdu ce qui caractérise l’exercice de la liberté et qui n’agissent que par rapport à ce qu’on
leur a enseigné.
Extrait de l’interview de J. Littell et de Raul Hilberg sur France Inter. Raul Hilberg : la Destruction des Juifs d’Europe.
Lecture d’un article de Claude Lanzmann dans « le Nouvel Observateur ». La question des limites de la fiction par rapport à la réalité effroyable d’Auschwitz.
Réaction de collègue :
Moi aussi, j'aime Gilles Lapouge et pour les mêmes raisons. Mais que
ma lecture est lente ! Et après il me reste Nothomb pour la soirée....
Franchement, nos rencontres de demain ne m'enthousiasment pas. Pour ce
qui concerne Bataille, j'ai l'impression qu'outre sa propension à la
boursouflure, il a des problèmes avec la déontologie : son roman est à
peu près une entreprise publicitaire-Grasset, chez qui il est lui-même
éditeur, voire, me disait un copain libraire, secrétaire général.
En fait de chataignes, ce sera le Grand Théâtre de Troyes...
Au moins lis-je le texte avec la voix de Lapouge dans l'oreille, et
Giono & Pierre Magnan en arrière-fond.
"Professeur d'honnête homme", c'est charmant, non ?
A bientôt, et merci pour votre chronique bloguesque