Rubrique Goncourt : la légendaire Norma Jean Baker…
L’un des attraits de ce roman, outre le travail de recomposition de la vie d’une
personnalité aussi complexe que celle de Marilyn, c’est celui qui consiste précisément à retrouver un peu de cette période et de ce contexte qui fut celui de la légendaire Norma
Jean Baker…
Tout est bien vague dans mon esprit quand j’entreprends la lecture. Mais l’un des bénéfices de la
lecture n’est-il pas justement de jeter de la lumière sur des zones d’ombre ? Et puis j’ai le plaisir du guide, celui dont la tâche consiste à defricher le terrain pour les
élèves. Qu’est-ce que Marilyn pour des adolescents ? Il faut programmer un film, afin qu’ils la voient, qu’ils s’attachent peut-être au personnage, qu’ils
aient envie d’en savoir plus. Ce sera « les Désaxés » dont il est question dans le roman.
A la page 383, on trouve cette réflexion de Marilyn : « Ma vie, je
pourrais l’écrire rien qu’avec les titres des chansons de mes films… » Suit un inventaire de ces titres. J’ai une collègue qui me propose le CD des chansons de Marilyn. Je vais leur en
faire écouter un échantillon. Puis, en guise de « récréation d’écriture », je leur demande d’adopter la même méthode et de raconter leur vie à partir des chansons de
leur choix.
Je leur photocopie également les chansons de Gainsbourg, « Norma Jean
Baker » et « Baby alone in Babylone » afin qu’ils réfléchissent aux conditions énigmatiques de sa mort. Les textes de Gainsbourg figureront en poésie, en croisement avec le
biographique. Demain, « Fils unique ».
Réaction de collègue (à propos de culottes courtes)
Ce bouquin m'a mise mal à l'aise. S'il a satisfait mes désirs de
syntaxe (rien à dire de ce côté-là), si j'ai admiré le style, tout de
même très proche du strict pastiche, je ne sais quoi faire de
**l'histoire**, qui me paraît en effet relever d'une variété
d'autobiographie, [genre proliférant à l'endroit duquel à quelques
exceptions près j'ai de sacrées réserves : si je peux être triviale,
l'autofiction, ça me gave, et je trouve le "roman" de Laurens
ridicule] avec un penchant au fétichisme y compris lexical (j'ai
compté 62 occurrences de "culottes courtes" entre la page 359, moment
où j'ai décidé de me mettre à compter, et la fin) dont je ne sais pas
quoi faire parce que je ne sais pas quelle est la position de lectrice
qu'il m'accorde. Autrement dit, je ne suis pas sûre que le lecteur ne
soit pas dans ce texte saisi dans le même genre de relation que celle
qui "unit" Barbara et Allan, relation ANALOGUE je veux dire : voyeur
impuissant à se déprendre mais pour quel "bénéfice" ? A côté du brio
du style par exemple, il y a la simplicité sommaire du découpage, il y
a le ressassement du lexique, celui des gestes quotidiens, il y a le
côté attendu d'une narration explicitement proustienne, et qu'est-ce
qu'on en fait ?
Il faut que j'aille au lycée m'occuper de la mise au monde
de notre-finalement-blog, j'arrête un peu vite mes remarques en vrac,
en ajoutant que je comprends absolument le malaise des élèves : c'est
leur histoire, et ils sont bien trop jeunes pour en goûter le parfum
de retour sur soi, d'où les accusations de pornographie.
ici aussi Nothomb a le vent en poupe mais Disparaître, Contours, Pontsd'oiseaux et Marilyn suivent de près. Tenez bon, essayez de
garder du plaisir dans cette aventure………….