Après
la parenthèse musique, je reprends l’analyse de la répétition du mardi 7.11.Rien de particulier sur
la scène des voyeuses ou sur celle des deux couples
interrompue encore une fois du fait de l’heure tardive et
de la censure qui semble devoir l’accompagner !... Je reviens sur la scène entre Gilda et Tiziana.
Quand Gilda grimpe sur le ponton, Tiziana est déjà installée. Elle occupe la scène d’abord, comme
Gilda l’occupait précédemment. Il y a donc effet de mimétisme. Diane ne doit pas hésiter à jouer elle aussi dans la provocation. Mais en même temps, subsiste en
elle une pudeur et le poids des conventions, de l’éducation. On entre dans une scène de dévoilement sous l’effet de Gilda. Par conséquent, ce qui est intéressant
à jouer dès cette scène, c’est cette découverte de soi dont le révélateur est la sulfureuse Américaine.
Sitôt qu’elle entend le bruit de l’eau, elle se referme. Trop de honte à savoir que quelqu’un a
percé à jour la cuirasse derrière laquelle elle se réfugie… (C’est toute l’histoire de la marionnette Angelika qu’on met en abyme).
Avec beaucoup d’art et d’aisance, Gilda la met à l’aise, lui caresse les cheveux, la fait sourire et même partager
son secrêt… La voilà prête à accueillir Salvatore : deuxième étape de l’éveil.
“Tiziana : c’est mon secret !
Gilda : tu as des secrets à cacher, toi ?
(Elle la jauge) Tu n’en as pas l’air !
Tiziana : pas “des secrets”, un secret
!
Gilda : et on peut savoir quel genre de secret
?
Tiziana : (elle s’allume une cigarette) : de
toute manière, comme tu es là avec moi, tu vas tout savoir dans les minutes qui viennent !
Gilda : alors, pas besoin d’attendre plus longtemps ! Un
secret, ça doit se dire pour être un secret ! Si la personne qui écoute sait se taire, ça devient un vrai secret…
Tiziana : (elle réfléchit un instant) :
j’aime bien ta façon de présenter les choses !
Gilda : si tu savais tous les secrets que j’ai déjà partagés,
moi !... Tiens, je vais t’en dire un, puisque nous sommes là toutes les deux, isolées sur la mer !
Tiziana : dis tout de suite ! Dis tout de
suite !
Gilda : non, toi d’abord …
Tiziana : en fait, j’ai un rendez-vous !... Et ça serait
sympa si, au moins aujourd’hui, tu acceptais de nous laisser tout seuls …
Gilda : un rendez-vous ici !... »

Forse Gigi l'Amoroso sposa Gilda l'Amorosa, speriamo !
Rubrique Goncourt :
Lecture des Bienveillantes (3/7)
Affecté dans une région du Caucase, véritable
tour de Babel des peuples et des langues, il réfléchit avec un linguiste sur le statut de juifs des peuples caucasiens… Sont-ils oui ou non juifs ? Les critères de
réflexion sont bien sûr linguistiques mais aussi ethnologiques et religieux. Rien de très scientifique même s’il incline à croire qu’ils ne doivent pas être traités comme des Juifs. C’est pour
cette relative « tiédeur » qu’on se débarrasse de lui et qu’on l’envoie sur le front de Stalingrad où la guerre s’enlise.
L’un des attraits du roman, c’est qu’il met ce narrateur
fin et cultivé en présence d’autres penseurs dont le discours est intéressant. Il prend le temps de les écouter et de recevoir leur discours : exemple du linguiste qui
analyse par exemple la complexité des langues du Caucase, exemple de cet officier bolchévik qui explique l’analogie entre le système nationaliste socialiste et le
système stalinien : (p365-370)… Les deux systèmes postulent un déterminisme (qu’il soit racial pour l’un ou économique pour l’autre), il y a toujours un ennemi
objectif… et ce qui diffère, ce sont les catégories : les Juifs… / les bourgeois… Pour les deux partis, l’idéal est bien de construire un homme modèle. En même
temps, le personnage conclut dans la supériorité du bolchévisme qui veut le bien de l’humanité alors que l’autre veut le bien pour l’Allemand. Cet avis positif ne va pas sans les
nuances que souligne l’interlocuteur : l’idée que la Russie ne peut relever le défi, que l’humiliation est inscrite dans le peuple russe et que l’agitation en surface ne peut être
qu’un masque.
Réaction de collègue :
Me voilà embarquée jusqu'à la dernière étape par notre Simon, élu par ses
nouveaux camarades de l'est. Moi qui espérais y échapper... Je pourrai
demander à Simon les détails de leurs discussions pendant les longues heures
du voyage...En ce qui concerne les débats des jeunes je leur fais confiance;
s'y jouent toutes les relations de persuasion que l'on connaît chez les
adultes, n'est-ce pas , en littérature, en politique,etc; la subjectivité y
a ss doute une grande part. Simon est ravi, il aime ces paillettes et ces
responsabilités. Je crains même qu'il ait du mal à replonger ds ses
obligations plus scolaires et je crois déjà entendre mes collègues au
conseil.
J'essairai de vs faire un compte-rendu avec qq photos si je ne suis pas trop
épuisée.
Ravie d'avoir rencontré les camarades et d'avoir arpenté avec eux les rues
de Metz. J'espère pouvoir découvrir Rennes
Après un moment d'incrédulité face à la première place donnée à …., j'ai compris qu'en fait , en
espérant secrètement les voir choisir un roman plus abouti, je leur demandais d'agir comme des lecteurs adultes et non pas comme ce qu'ils sont, c'est à dire des lecteurs en formation
de 16 ans. J'ai essayé de me mettre à leur place et du coup, je trouve que leur choix est compréhensible et justifié (surtout pour Audéguy en fait!!)