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Befana : Répétition du 14.11 (1/6)

Publié le par Eric Bertrand

Après les fièvres du Goncourt toute la semaine passée, retour au calme du Moulin à Sons, et retour aux climat plus apaisé des premières répétitions, loin de l’agitation des médias. Profitant de la présence de l’ensemble de la troupe, nous nous divisons en deux ateliers : les « Befana » vont répéter leurs scènes dans une salle à part, et procèdent notamment à un enregistrement sur MP3 de façon à pouvoir mieux apprencre le texte par la suite.
              De notre côté, nous abordons la scène du voyeurisme qui débouche sur le fou rire de Salvatore et l’intervention musclée de Gigi. Cette scène implique l’ensemble de la distribution et, même si sur le papier, elle est brève, elle nécessite un effort particulier de direction et de concentration. Chacun doit penser à son placement, son intéraction avec les autres. C’est Salvatore qui circule et qui suscite des réactions et des mouvements. Les déplacements, les mimiques sont sources de jeux de scène qu’il faut déterminer de façon à tracer des lignes sur l’espace de la scène… Mimiques et déplacements, j’y reviens demain.
 
HPIM1946.JPG
 
Dopo la scuola, andare a vedere la Befana sotto le stelle !

 
 
Rubrique Goncourt :
 
Lecture des Bienveillantes (5/7)
 
 
              Max en est arrivé au stade d’une belle promotion et il espère la réaliser dans son domaine, à savoir le juridique européen (ce qui encore une fois contribue à rendre le personnage sympathique). Mais on lui fait assez vite comprendre que la réussite sous le troisième Reich passe par le sale boulot : ils ont besoin de fonctionnaires de son talent pour réaliser leurs objectifs. La réalité du Reich reste toujours la toile de fond et le lecteur retrouve constamment, au détour des pages, des épisodes dont il a souvenir : par exemple le « lebensborn » : Una, la sœur, s’est mariée « avec un estropié » et elle ne peut avoir d’enfant… une grosse matrone lui suggère de « se faire féconder » par un officier SS, elle parle de « l’assistance eugénique ». Pour le narrateur, cette séparation d’avec sa sœur jumelle est insupportable, elle met un terme intolérable à leur complicité amoureuse.
              Au cours de sa convalescence en France, il rend visite à Antibes à sa mère et son beau-père : le malaise règne au cours de l’entrevue. Son but est de les tuer et la référence à « l’Orestie » est implicite, même présence du tragique, même haine sourde de la sœur et du frère… Encore une fois dans ce livre, le meurtre n’est pas présenté comme un acte commis en conscience mais comme quelque chose qui a eu lieu et qu’il a dû commettre (on le comprend) dans un état de schizophrénie pendant son « sommeil ». Si on pousse plus loin le sens de la référence, peut-être peut-on y voir une clé pour la compréhension du titre : on sait que dans la pièce de Sophocle, après le meurtre de son beau-père et de sa mère, Oreste est poursuivi par les fameuses « bienveillantes », celle que Sartre appelle « les mouches ». Elles persécutent l’esprit agité du meurtrier comme Max Aue va être persécuté par ces deux policiers qu’il appelle « les bouledogues » et qui savent tout… Un élément renforce son tourment : il découvre que « les jumeaux » qu’il a vus chez sa mère étaient ceux de sa sœur…
 
Réaction de collègue :
 
C’est une super idée. Hier nous avons rencontré au théâtre de la Criée à Marseille Michel Schneider. Des propos clairs et très instructifs sur sa relation à celle qu’il a appelée « ma Marylin ». en fait il a été pris par cette rencontre folle entre Greenson et sa patiente. Sa recomposition s’appuie donc sur des faits réels mais va vers l’invention, vers ce qu’il sent de la vie de ces deux-là.
Du coup, toute la dimension du romanesque qui envahit le champ du biographique aujourd’hui est encore là. Dans la proposition d’écriture que tu fais, il pourrait y avoir cette optique, de mêler le vrai, le faux, sans dire ce qui appartient et ce qui est inventé. Ça laisserait aussi du champ aux élèves.
Camille Laurens qui était là aussi est allée dans ce sens…c’est moi mais ce n’est pas moi etc…
Un autre aspect intéressant du roman de Schneider c’est qu’il n’est pas chronologique, là aussi il y a des pistes d’écriture il me semble.
 
 
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