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Hommage à Guillaume : la dédicace

Publié le par Eric Bertrand

GUILLAUME-CANYONING-light.jpg

J’interromps momentanément le bilan de cette répétition du 14.10 que je reprendrai demain…
              Quelque chose me tourmente… Maintenant que le livre est présent dans sa « version froide » et « magasinière », j’ai relu quelques passages du Ponton pour comprendre… Un livre édité est un livre qui circule et qui, d’une certaine manière, vit sa vie ! Je l’ai à chque fois vérifié… Or, beaucoup de ceux qui l’ont eu en main m’ont posé la question de l’origine de la dédicace de la page 2 : « A Guillaume, enfant du ciel »… A la vérité, je suis de plus en plus sidéré par le contenu du livre, comme si, en dehors de moi, quelque chose m’avait guidé dans l’écriture
              Mais revenons à la dédicace… Je dois dans un premier temps relater des faits douloureux qui en sont inséparables. 
              Douloureuse explication que je fais pour mes lecteurs et qui implique évidemment la part inconsciente de l’œuvre. A présent que tout est fini, quand je relis certains passages, quand je décrypte certains motifs, je dois bien le reconnaître, Guillaume est là…
              Et cela me trouble profondément, car, je le répète, au moment de l’écriture, rien n’a été volontaire ni délibéré… Alors quoi ?...
              Nous avons vécu au cours de l’été 2005 un drame terrible : la disparition de Guillaume, fils cadet de ma sœur Béatrice et de mon beau-frère Hubert et ceci dans des circonstances abominables… Jeune voyageur déjà infatigable (Egypte, Ecosse, Italie, Croatie, Gallicie…), dans ce beau mois de juillet, il venait de faire une sortie canyoning, il sillonnait avec ses parents et son frère Aurélien les routes d’Espagne… Il avait treize ans, il était adorable, promis à un avenir flamboyant… Tous ceux qui le côtoyaient étaient conquis par le magnétisme de cet enfant à qui ses parents avaient donné toutes les chances… Sur une route stupide, le violent accident de voiture et le scénario atroce de la mort subite.
              Après un tel drame, nous avons tous porté un deuil lourd et insupportable… La souffrance au quotidien, la douleur des proches et l’inadmissible évidence de son absence.  
              Et depuis, comme tous les autres, je n’ai cessé de penser à lui, essayé de trouver des modes d’expression pour m’adresser à lui, l’entendre, le voir et le sentir encore à nos côtés… et soudain, voilà que je le retrouve là, infiniment présent sous les masques du texte… Dans le corps de cette marionnette qui tombe du ciel et qui a des airs de Petit Prince, dans la jeunesse des personnages, dans l’éclat du soleil et des fruits, dans la leçon de vie que comporte le récit... Voyageur des astres, adolescent éternel sur le ponton, il dérive dans sa pleine mer et, sur ses planches, il nous regarde nous agiter dans ce théâtre éphémère de la vie…
              Voilà pourquoi, la dédicace.
 
« … Francesca : une larme est venue dans son œil sec et bleu. Une larme a roulé… Puis une autre, puis une autre, puis une autre… Un ruisseau intarissable qui a fondu dans le sable, a fini par la soulever, doucement, par la porter jusque sur les flots. Et ensuite, la mer a tiré son beau corps onduleux vers le large… Alors elle a plongé du côté des îles Eoliennes... On n’a retrouvé le matin que son armure, brillant sur le sable fin de la plage comme un coquillage vide… Mais certains pêcheurs de thon disent qu’ils la croisent parfois. Elle est installée sur un radeau fantastique où abondent les fleurs et les fruits. Il paraît que ses beaux cheveux blonds flottent dans l’air, qu’elle ouvre des yeux éblouis, et que son corps lumineux et tiède ressemble à la proue d’un vaisseau de sirène… »
 
 
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B
C'est une histoire bien triste, mais je reste persuadé qu'il veille sur vous la haut et qu'il pense a vous tout comme vous vous le portez dans votre coeur.
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B
Notre petit prince est en nous chaque instant, par nous tous il vit et par lui nous tous vivons, par cette certitude que comme tu le dis si bien, cher Frère aimé, que nous sommes simplement les marionnettes d'un éphémère théâtre ; sa lumière nous éblouit et sa source nous irrigue, quand nous arrivons -pas toujours- à nous extirper de cette guangue de souffrance sans horizon et sans espoir pour apercevoir le Grand Secret, à élargir notre vision, faire traverser notre regard au delà des apparences, aller à l'essentiel... et nous aimer les uns les autres<br /> que cette petite libellule nous guide toujours, ensembles.<br /> A ta création, à ta sensibilité, à ton talent, à mon frère je lève ma coupe.
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