Les deux sœurs ne font pas que raconter une histoire… Le lecteur / spectateur a le sentiment de pénétrer au sein d’une
intimité. Les deux vieilles dames se disputent facilement, font des caprices, boudent… C’est ce qui se passe vers la fin de l’épilogue lorsque Carolina veut mettre un terme à
l’histoire et que Francesca conteste sa proposition. Il y a fâcherie.
Carolina va bouder dans un coin. Ses céramiques sont posées dans
la chignole, elle va les retrouver et elle se met à peindre, feignant ouvertement l’énervement. Mais rien ne dure. Carolina a besoin de sa sœur. Elle l’invite à revenir
dans le conte et c’est le motif du livre de légende dans lequel elle va lire « la suite de l’histoire ».
Gros livre enluminé. Au départ un vieux trieur dans
lequel je mettais mes fiches de paie. Objet détourné, n’est-ce pas le mérite de la légende et du théâtre ?
« (…) Carolina : ainsi finit l’histoire d’Angelika, la belle jeune femme prisonnière de son armure !
Francesca : mimant l’indignation. Non, c’est pas fini !
Carolina : je sais bien que c’est pas fini !... C’est pour remettre de la peinture sur ton pinceau que je dis
ça !
Francesca : elle va voir ce que Carolina a dessiné et revient, l’air perplexe.
Alors, je continue !… Le matin suivant, une vieille femme qui ramassait des coquillages trouva l’armure sur la plage. Quand elle voulut la ramasser,
toutes les pièces du métal se disloquèrent sous ses doigts et s’envolèrent comme des pétales dans l’air léger… Elle s’adresse directement à sa partenaire. Carolina, s’il te plaît, au
lieu de bouder, ouvre maintenant le manuscrit de la légende (…) »