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Du rapport entre le chocolat et le livre à La Rochelle

Publié le par Eric Bertrand

Les hasards du calendrier des événements rochelais m’amène à ce rapprochement dans la mesure où le Salon du Livre et le Salon du Chocolat ont failli se faire concurrence ce week-end. Pour ménager la susceptibilité des goûteurs de mots qui sont aussi goûteurs de mets, la municipalité a, in extremis, reporté le salon du chocolat...

                Tablettes et livres, c’est la même chose. Une surface rigide, taillée à la dimension d’une poche, un peu froide d’apparence, mais cela dépend aussi de « l’emballage ». Et puis on ouvre la tablette, une odeur particulière s’en dégage aussitôt, un « sui generis » qui comporte une attente.

                 Le volume de pages contient dans ses plis la mémoire d’autres actes de lecture comme le papier alluminium rappelle des moments de dégustation. On croque dans le chocolat, une surface un peu dure, qui très vite fond et diffuse, dans des régions qui vont au-delà du palais. On mord dans un livre, et les mots et les idées infusent, secouent, renvoient elles aussi à une multitude de sensations.

                  Un avantage, le chocolat se partage, en petits carreaux qu’on peut aussi distribuer. Dans une tablette de chocolat, le gourmand dispose instantanément d’une série de « maquettes en miniatures » du « livre » qu’il déguste. Il est son propre « éditeur » et « distributeur ». A l’inverse, le lecteur ne peut que garder pour soi la saveur des mots qu’il avale. Tout au plus peut-il dévorer le livre afin de le céder plus vite à la personne dont il sait qu’elle éprouvera, à son tour, du plaisir. Mais c’est toujours en différé !

                   Quand on partage des carreaux, on peut se regarder dans les yeux, la salive vient aux papilles, les pupilles brillent. La réjouissance est immédiate. Le livre fond beaucoup plus lentement, la saveur en est jalouse. Il faut laisser le temps de quelques pages. Le  livre de « haulte graisse », n’est pas une papillotte. Il agace et se dérobe. Il est pomme au pommier de Tantale... Mais au bout du compte, cette pomme-là se donne à Tantale. A condition toutefois que ce dernier sache lui ménager un moment volé de ravissement égoïste. Alors il faut imaginer notre Tantale heureux, avec un livre sous le coude et une plaquette de chocolat, qu’il conserve le plus longtemps possible, pour faire durer le plaisir !

 

studio 9726 [1600x1200]

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J
<br /> <br /> le livre se partage également et il demeure après la lecture : on peut alors le reprendre en main, le proposer à un ami, partager ses sensations avec les autres, surtout s'ils l'ont lu ! que<br /> reste-t-il du carreau et de la tablette dévorée ? un souvenir qu'il est difficile de reproduire, surtout si le chocolat est exceptionnel !<br /> <br /> <br /> <br />
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