Imaginer Simenon à La Rochelle (4/4)
Il pense à son œuvre en gestation. « L’affaire Donnadieu », « le Voyageur de la Toussaint », « le Fantôme du chapelier ». Il s’arrête souvent, contemple l’horizon, lance l’ancre de son regard du côté des iles, Aix, Ré, Oléron, Boyard, laisse divaguer « ces navires à l’encre ».
Il se grise aux odeurs qu’il capte dans ses randonnées matinales. Effluves de marées, de vase, coquillages, marché aux poissons, vins et plats charentais, chaudrée fourasine qui plaira tant à Maigret, odeurs de plonge. Tintement des mâts, rumeur citadine... Il entre en ville, attache son cheval à l’anneau en fer prévu spécialement pour lui sur l’une des colonnes du café.
Il s’installe à sa table, lit son journal, allume une pipe. Une « comédie humaine rochelaise » entre là. Il écoute les conversations, regarde intensément, épie, prend des notes, remarque les belles femmes, devine leurs tourments, perce à jour leurs secrets.