Quinze kilomètres de St Martin ou ronde du temps sur Ré la Blanche (3/4)
Sur le bord, des enfants rigolards, artificiers aux visages réjouis, réclament des claques à la main des coureurs ou bien distribuent des éponges, des bruines rafraîchissantes et des pétards d’eau et de lumière. Serviette sur l’épaule, les anciens devisent sur les bancs du temps de leur jeunesse, des bêtises des gamins et des nombreux kilomètres qui restent à couvrir contre le vent. « Ma bonne dame, c’est plus de mon âge ! C’est le corps qui suit plus... De mon temps, on en usait tout autrement ».
Sous les arbres, le village de La Flotte offre soudain comme un couloir de rafraichissement, une allée des Champs Elysées dans l’Odyssée de la petite course homérique. Sur le port, on croise déjà les coureurs en tête, qui glissent, olympiens, comme les bateaux au large. Plage de l’Arnérault, grand soleil, ponton sur lequel, comme sur les planches, un groupe d’ados fait semblant de courir. Lumière, action ! Ils ralentissent la cadence, effort maximal, bouche ouverte, muscles tendus, arrêt sur image. Ils plongent. La vie est un théâtre ! Rideau.
Et tout à coup, l’ombre majestueuse et redoutable de l’abbaye, le changement de bord, la bonne claque de vent sur le visage, sur les cuisses, dans le ventre. Un coup sur la tête ! Heureusement, les points d’eau se multiplient. Retour sur nos pas. Pénitence ! Sentiers déjà foulés. Crampes fatales. Chutes. Coups de barre. Odeurs de crème de massage qui remplacent les parfums des roses trémières et celui des huitres.