Souchon Arcimboldo
L’amour est éphémère, c’est le sujet principal des chansons de Souchon. Le temps qui passe, les couleurs qui ternissent, les pétales qui se fanent... « L’amour à la machine », « la vie c’est détergent »... C’est aussi de façon métaphorique le phénomène qu’il analyse dans la belle chanson du dernier album intitulée « les saisons ».
Ce texte rappelle un peu ces tableaux du peintre Arcimboldo qui met en scène des personnages à la chair « légumière » ou « fruitière ». Chez Souchon, comme un vent léger, l’amour glisse sous la peau, fait dresser le poil ou les cheveux, sème le frisson, la tiédeur, la torpeur ou la tempête, fait couler la source, le torrent ou la rivière, « habille » les silhouettes de primevères, de bouquets de roses et de cerises. « Croquer le nez, manger les joues », « le rose initial », « le bleu de nos baisers du début ».
Mais « le soleil de la vie les tabasse »... Et alors, les grands tournesols éclatants qui rayonnaient dans les yeux et poussaient dans le ventre retrouvent tout à coup leur fonction d’héliotropes. Le soleil a roulé, l’été tourne le dos, les blés ont sêché, la pelouse a grillé et les petits rossignols entêtés ont déserté les arbres.
C'était l'amour et c'était l'automne
Dans le grand parc où frissonne
Parlant de nous, de nos baisers en allés
En marchant dans les allées
Disant de l'amour pour quelle raison
Ce n'est jamais la saison.
Relisons pour le plaisir ce dernier couplet des « Saisons » et souvenons-nous aussi de « l’amour 1830 » « dans ce parc au point du jour (...) » ou du mélancolique « Colloque sentimental » de Verlaine :
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé (...).