Un exemple de travail d’écriture sur « l’Assommoir » : (2/3)
Défense de l’Assommoir
Mr Zola vient de publier son septième roman de la série « les Rougon Macquart » et c’est un plaisir de suivre cet écrivain dont le talent ne cesse de s’affirmer au fil de ses productions. En nos temps habitués au ronron littéraire, aux roucoulements factices de princes et de princesses platement romantiques, on trouve toujours, embusqués dans les buissons du Mauvais Goût, des rossignols qui s’indignent contre le génie. Je vais consacrer ces quelques lignes à vanter les mérites de l’Assommoir afin de montrer définitivement le talent d’un auteur qui s’impose désormais aux yeux de tous comme le chef de file du mouvement naturaliste.
D’abord, ce qui saisit le lecteur dès le premier chapitre, c’est l’impression de réalité ! Des boulevards ouvriers au quartier de la Goutte d’Or et jusqu’au lavoir où a lieu une scène fondatrice, impossible de ne pas plonger dans le Paris populaire et de ne pas « coller au corps » de la blonde Gervaise, personnage principal jeune et attachant. Rien d’artificiel à ce niveau ! Zola a travaillé dans le réel. Et ce réel prend à la gorge tant il est détaillé, précis. Chaque maison, chaque vêtement d’ouvrier, chaque objet du mobilier, fût-il sordide, passe sous le regard de l’écrivain qui n’hésite pas à emprunter aussi le regard de son personnage pour varier sa focale (...) A suivre.