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Fable à partir du répertoire de Julien Clerc

Publié le par Eric Bertrand

Le premier jour, « ça fait pleurer le bon dieu » et dans le transistor, il a chanté « Ivanovitch ». L’enfant et l’adolescent ont trouvé que c’était beau.

Le deuxième jour, au bord du tourne disques, il a chanté « la Cavalerie », et le voyageur un peu soixante-huitard, un peu hippie sur les bords, a senti qu’il était prêt à partir sur les routes. Et le même jour, sur les plages des 33 tours, il a microsillonné « la Californie », « Niagara », « le caravanier » et « Zucayan ».

Le troisième jour, dans l’autoradio, il y a eu « Laissons entrer le soleil », et des fleurs semées dans les gares et les cheveux de l’auto-stoppeur. Sur les plages, coulaient dans le sable « des jours entiers à t’aimer » et « des larmes sucrées ».

Le quatrième jour, Rolo le baroudeur a quitté le groupe, s’est isolé en Bretagne, a regardé la mer, « Yann et les dauphins », « là-bas vers Ouessant ». Sous l’immensité de l’océan, chantaient toujours les sirènes, « les Menhirs » et « la Citadelle ». « J’ai eu trente ans », le Breton a vibré dans sa lande en regardant « les tristes blockhaus amers, où il fait froid ».

Le cinquième jour, « la côte gardait sa rage et le froid crachin son rire ». Le goéland éperdu râlait et tournait « où mer et rochers s’aiment », et le vent a poussé son archet dans la tempête, « à quoi sert une chanson, je veux être utile ».

Le sixième jour, « les aventures à l’eau »… la tête dans le walkman, « ballade pour un fou », le promeneur solitaire a laissé couler des larmes. Chanson sourde de la pluie, « souffrir par toi n’est pas souffrir », « la petite sorcière malade traverse le marécage, avec son balai brisé à la main ». Peut-être pour balayer « les souvenirs amers »…

Le septième jour, dans le casque, « l’éléphant est déjà vieux », et les oiseaux sifflaient, « fixaient le ciel désespéré de leurs yeux tout grillagés ». Mais si « le petit vieillard chantait mal », il a gardé son coeur « mi volcan mi rocker », « fou peut-être » et il a dansé avec les oiseaux dans les arbres. Et le patineur un peu fantasque aux yeux des autres a regardé encore la lune, les femmes boréales, les filles du feu, le phare des vagabondes, et il a posé un regard émerveillé sur « les jours de joie ».

Et Julien a trouvé que c’était bien.

Julien Clerc

Julien Clerc

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