Courir le marathon avec Rimbaud
J’ai couru le marathon avec Arthur Rimbaud.
C’était l’aube, rien ne bougeait au front des palais. Les camps de coureurs ne quittaient pas la route et le pavé résonnait, frissonnait des pas pressés et des ailes des maillots. Ils couraient tous autour de nous, dans la buée des haleines tièdes. La première entreprise fut de lâcher le peloton. Le poète sprinter était devant moi et me dit son nom. « Arthur Rimbaud ! »
Pour tâcher de le suivre, je m’échevelais et j’écartais les bras.
Rien à faire, à la cime argentée, il courait comme un mendiant et je n’en pouvais plus.
Alors, j’ai levé les bras et je l’ai dénoncé au coq (sportif !) : Arthur Rimbaud porte des « semelles de vent ». Disqualifiez-le !
A l’arrivée, il était midi.