Rimbaud et la météorite des Ardennes
« Des cieux délirants ouverts au vogueur », parmi les « étoiles au ciel », une météorite de 364 kilos a fait son « doux frou frou » en Forêt de Mont-Dieu, dans ces Ardennes si impatiemment sillonnées par le jeune Rimbaud. C’était en 2010. Le fulgurant corps céleste a fini sa course sur « la route du bois » au moment où « les ailes se lèvent sans bruit » et où « les pierreries regardent ».
Peut-on vendre aux enchères « la déesse » ? Qui peut ramener dans sa poche ou dans son jardin « son immense corps » ? « Le meilleur, c’est un sommeil bien ivre sur la grève »…
Aussi abrasive que « l’air marin », elle a d’abord tiré la « planche folle, escortée des hippocampes noirs » en direction de « la plage armoricaine ». Elle l’a fait accomplir sa rotation du côté des « forêts, soleils, rives, savanes », dans ces « déserts où luit la Liberté ravie », puis elle a jeté « l’éphémère citoyen d’une métropole crue moderne » dessus « la pente du talus », sur « un gradin d’or », parmi « les disques de cristal » et les « herbages d’acier et d’émeraude ».
Elle a passé, « génie au dégagement rêvé », dans le ciel « infusé d’astres ». Jaillie du fond des « cieux ultramarins » et tannée par des « climats perdus », elle a « dévoré les azurs verts » et brûlé les poumons. Creusé un grand trou rouge dans « le bois de lauriers ».
Et « fileur éternel des immobilités bleues », « l’homme aux semelles de vent » continue de sommeiller « d’un sommeil bien ivre » dans son « trou de verdure ». La magie appartient à la forêt des Ardennes, ne levons pas les voiles...