Le masque des Highlands par temps de COVID.
J’ai depuis l’origine, toujours appréhendé mes voyages en Ecosse comme un déplacement vers les îles d’Avalon, ces îles magiques du bout de l’horizon situées par les Celtes de l’autre côté de la mer, derrière un écran de brumes et de nuages. Plus encore aujourd’hui qu’hier, dans ces temps de confinement qui nous obligent à dresser une infinité de barrières sur chacun des kilomètres qui nous séparent de nos Highlands, qui engourdissent nos gestes, je ressens cette mythologie de l’Ecosse et je dédie ce texte aux nuages de cet Avalon.
Écharpes de nuages en laine Shetland,
Qui moutonnent au fond des glens,
Dentelles échancrées où toussotent les fées,
Tissus légers, mouillés de brume.
Buées folles sur la surface des eaux,
Gouttelettes blanches et bleues,
Nuages qui combinent l’eau douce et l’eau salée,
La tourbe et la lumière,
Qui distillent dans les yeux la couleur du whisky,
Qui s’extirpent du chaudron des sorcières,
Nuages alchimiques au-dessus des ruines et des pierres,
Qui dansent le dashing white sergeant.
Nuages de feu au "tartan Braise", mauve et vert,
Nuages où vibrent le drum, le bag-pipe et le fiddle,
Vous secouez les loques du Ness et du Lomond,
Vous réveillez les monstres, et faites danser le ciel.
Nuages, masques du crépuscule et de la nuit,
Nuages, masques du soleil et des landes,
Nuages, masques des Highlands,
Tenez le monstre à distance !