La trempe du rhinocéros
Une trompe dévastatrice s’est balancée au-dessus des Etats-Unis pendant quatre ans. Un barrissement de bêtise et de haine e a retenti et résonné sous la cuirasse de la meute grondante des rhinocéros. Dans sa pièce du même titre, le dramaturge Eugène Ionesco aurait analysé le trumpisme comme une nouvelle contagion, une forme de féroce « rhinocérite » propre à cette société du fric et de l’hyper-consommation…
Mais à la fin de l’histoire, le rhinocéros sent craquer la carapace.
Dans la boue qu’elle piétine, la bête est blessée et cherche encore à donner de la corne. Le crin est toujours jaune et sent fort la paille et le fagot. Enfumez tout le territoire ! Enfumez ! Enfumez ! « Merdre, par ma chandelle verte, il est grand temps d’arrêter la conspiration ! » Le gant noir qu’a enfilé le Père Ubu donne à son poing la rondeur du sabot. Ivre de rage, il patauge dans le mensonge et laboure un sol qu’il croyait son territoire et qu’il sent soudain se dérober sous lui.