Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Souchon et l’élasticité du tissu

Publié le par Eric Bertrand

« Toto, 30 ans… »

Dans le répertoire de Souchon, il y a certes cette chanson qui « raconte » la peau et « l’élasticité du tissu » mais il y a aussi toutes ces chansons à fleur de peau qui, à leur façon, racontent « l’écriture » et « le tissu » du texte.

Tel un couturier au fil des titres, Souchon tisse un « joli fil entre nos cœurs passé ». Et son aiguille oscille entre ces « nouvelles pour dames de Somerset Maugham » où le héros « porte des lions sur le dos » et « le petit gobelet d’aluminium » de Théodore Monod où « on s’ennuie tellement ». Les mailles ainsi s’enchevêtrent et mêlent le « manteau d’lapin d’une fille » à « l’anorak de Jack Kérouac », André Verchuren à Gabriel Fauré, Bob Marley à Debussy, « Gabin bougon » à Robert Taylor, Ava Gardner aux princesses blondes en jean troué.

Entre le Boulevard Haussmann et le Boulevard de la mer, sur une vaste toile de fond, « dans un parc au coin du jour » ou « au fond de la Baie de Somme », il suffit d’une beigne, vendeuse de glace, « fille électrique », « fille dénudée » et « ça électrocute ». « Herbes ascensionnelles », « baisers de propane », il tricote le long des dunes, observe « la lune pure », pique des « brindilles, des phosphores ». Il est « si loin de l’air », il est « si loin du vent ».

Il « monte là-haut s’asseoir », regarde la mer qui brille, un canoé, « un ballon qui s’ennuie », un rameur qui avance, une Chrysler qui s’envole. Et puis soudain, « de son belvédère », il sent « la p’tite brise », celle qui glisse sous la peau, qui froisse le tissu, qui fait crisser le stylo et dresser les poils.

Ses cheveux ondulent. Il se les ramène vers l’avant.  

Commenter cet article