Céline : « Voyage au bout de la nuit ». (Dosette de lecture n°58)
Dans quel état un personnage revient-il à la vie civile après avoir été confronté à ce que Voltaire appelait « Boucherie héroïque » ? L’époque a changé et Bardamu, antihéros du Voyage au bout de la nuit n’est pas un Candide, mais la guerre de 14 n’est qu’un premier jalon dans son cheminement ou plutôt son errance vers « ce bout de lumière qui finit dans la nuit »…
En effet, plus rien n’a de sens pour ce rescapé qui constate par exemple, parmi d’autres naufrages, que « l’amour, c’est l’infini mis à portée des caniches ». Chacune de ses observations sont cinglantes et fait entendre la voix d’un écorché vif qui s’allume à la façon « d’un vieux réverbère à souvenirs au coin d’une rue où il ne passe déjà presque plus personne ». Mais que le lecteur se rassure : c’est l’électricité de la langue de Céline qui balance toute sa lumière…