Robert Merle : La Mort est mon métier » : dosette de lecture n°86 Le pouvoir abject du despote
Au cours de cette existence que nous tâchons de mener au mieux, est-il possible de songer à autre chose qu’à la vie et à toutes les ressources qu’elle nous offre, même si, parfois, il faut aller les chercher loin, « s’abandonner à vivre » comme l’écrit dans son recueil du même titre un Sylvain Tesson caustique ?
Alors que Primo Lévi parle également du « Métier de vivre », Robert Merle, évoque dans ce récit glaçant une orientation radicalement différente : la mort comme métier… Certains êtres font de ce choix abject une politique… C’est ainsi que les despotes de tout poil parviennent à étouffer l’Homme et qu’ils continuent, en plein XXI° siècle, de prospérer sur la « branloire perenne » de nos civilisations.
Dans la galerie des bourreaux, le romancier choisit de raconter l’évolution du sinistre Rudolf Hess, administrateur du génocide à Auschwitz. Avec méthode et précision, il explique comment le personnage en est venu à imaginer la machine destinée à éliminer tous ceux qui n’entraient pas dans les critères de la race aryenne. Il examine aussi comment ce favori d’Hitler a mis en place une entreprise de destruction de masse visant surtout à effacer tout signe d’humanité chez ceux qui ont fini par se demander, comme Primo Lévi, s’ils étaient encore des hommes.