La Bulgarie aux portes de l’Orient : Dans la carriole de Vassilev
Nessebar, Burgas, Sozopol, Plovdiv, Sofia, Rila, Tryavna, Rousse… Autant de noms de lieux, villes ou villages qui résonnent dans ce récit. Comme dans la carriole de Vassilev, au rythme de l’écriture de Francis Lepioufle, le lecteur est entraîné du côté de la Bulgarie profonde et surtout pas de celle des grands hôtels de la mer Noire. « Serions-nous tous des gypsies dans l’âme et aimerions-nous par-dessus tout nous rêver en voyageurs insouciants sur les chemins d’un grand rêve imaginaire » écrit-il justement en commentant le joyeux tableau du peintre Ange Vassilev.
Depuis qu’il consacre une partie de son temps à relater ses voyages au Mexique, en Roumanie, en Irlande, l’auteur des Chevaux de la mémoire s’attache de plus en plus à ce que Todorov, cité en exergue, appelle « La connaissance de l’humain » et le célèbre essayiste considère ce choix à juste titre comme l’un des objectifs majeurs de la littérature.
Sitôt qu’il flâne, marche ou trottine, sitôt qu’il roule ou s’envole, Francis se plaît à deviner les hommes, à les observer avant de les aborder pour mieux tenter de les comprendre. Et tous les moyens lui sont bons, conversations au cours d’un repas, dans la rue ou dans un bus, livre d’histoire, roman, poésie. Il prend le temps d’échanger avec des enfants qui jouent près d’un camp de Roms, avec des femmes à la cuisine, avec de sages vieillards qui ressemblent un peu à celui de la Propontide à la fin de Candide.
En bon auteur, il est toujours à l’affut d’informations qui pourraient lui permettre de mieux cerner encore l’évolution complexe de ce pays marqué par le joug ottoman et soviétique. En bon touriste, il est aux aguets, étudie les paysages, les pratiques des habitants, admire les simples et les héros, mais se défie des roublards. Et puis il pose son appareil photos (son ouvrage offre de jolis clichés couleur en appui au récit). En bon éducateur, lucide et expérimenté, il rêve devant la première école laïque de Bulgarie, celle qui a bravé l’interdit ottoman. Il regarde, pensif, tous ces jeunes qu’il voit aller à l’école, fiers dans leur uniforme blanc.