Dosette de lecture n°97 : René Frégni : "Sous la ville rouge" : La rage de l’écrivain cogneur
Qu’adviendrait-il si un Charlot devenu boxeur et écrivain défoulait sa rage de ne pouvoir écrire en tapant sur des sacs de sable ? C’est avec humour la façon dont le narrateur de l’histoire, un certain Charlie Hazard, aborde le début de son roman. Il tâche d’écrire et sue sang et eau sur un cahier rouge pendant que tous les membres de son club, les amis, les cogneurs, trépignent dans l’attente de cette œuvre qui ne vient pas.
Ce qui alimente sa rage, c’est aussi la mélancolie profonde qu’il ressent face à la jeunesse qui lui échappe, aux changements qui affectent sa ville de Marseille et aux années qui passent. « Il y avait une immense fosse à la place de sa jeunesse. Le dancing dans lequel il avait transpiré, flirté, dansé, était parti dans des camions bennes ».« Allo papa Tango Charlie ! »... En suivant Charlie, le lecteur pense à Rocky 5 et au vieux boxeur de la nouvelle de Jack London : « Un bon bifteck » …
Et pourtant, ce n’est pas faute de volonté, ni de détermination, mais le ring de l’écriture exige un combat perpétuel. Après plusieurs échecs auprès des grands éditeurs parisiens, le boxeur des mots ne supporte plus de sentir ses poings tournoyer dans l’air vide et de ne mettre KO que des fantômes.
Pour écrire, pour exister en tant qu’écrivain et ne plus subir la pression du sac de sable du mépris, il lui faut faire bouger les lignes, s’écarter des cordes et casser la distance. Afin d’y parvenir, Charlie est prêt à tout …