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Abbé Pierre : vices cachés sous la robe de bure

Publié le par Eric Bertrand

Sitôt que les médias sont aux trousses d’une affaire de mœurs, et qui plus est aux trousses d’un prêtre qui se prend les pieds dans sa chasuble, les têtes tombent vite. Flaubert écrivait : « Il ne faut jamais toucher aux idoles, il en reste toujours quelque chose aux doigts ». Dans le cas présent, c’est « l’idole » qui s’est mise à « toucher »… Et bien davantage encore.

Pourtant, quelle icône était cet abbé Pierre, au visage de Christ, aux allures de mendiant éclairé, à la voix de prophète allant obstinément par les chemins pour répandre la bonne parole et défendre la grande idée de l’amour du prochain. Figure absolue du renoncement aux plaisirs terrestres, incarnation de l’abstinence sous la robe de bure et les plis du discours charitable, engagé en faveur des déshérités et de tous ceux que la société capitaliste continue de bouter dans le fossé.

En son temps, Roland Barthes, expert en « mythologies » n’a pas manqué de signaler dans son article « Iconographie de l’abbé Pierre », les qualités du personnage : « L’atout précieux : la tête de l’abbé, le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin » C’était en 1957, après le terrible hiver 54 et l’obstiné combat mené par le valeureux abbé. Dans cet article, Roland Barthes pointe particulièrement deux de ces « coquetteries » qu’il juge suspectes : la coupe de cheveux, « archétype capillaire de la sainteté », et « la barbe ecclésiastique qui veut signifier apostolat et pauvreté ». Le sémiologue émet en effet un léger soupçon quant à la correspondance profonde entre l’apparence affichée et la vérité profonde.

Et, après plus de soixante-dix ans, les faits sont accablants : le masque de l’héroïque pèlerin vient de tomber, comme était tombé celui de l’un des personnages principaux du roman de Hugo, l’archidiacre Claude Frollo qui, du haut des tours de Notre Dame, lorsqu’il s’approche de la troublante Esméralda, perd soudain toute son austérité, s’enflamme et accuse le démon.

Abbé Pierre : vices cachés sous la robe de bure
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