Le nouveau Julien Clerc : Une vie… et même une vie de rien, ce n’est pas rien !
Même si on ne fait pas partie des fans, même si on n’aime pas celui que les mauvaises langues en un temps appelaient « la chèvre », on a forcément été touché par ses mélodies, ses chansons si variées, écrites par de talentueux paroliers. Julien Clerc fait partie de nos vies et « Si le temps passe, laisse-le partir où il veut ». Alors que vient tout juste de sortir son dernier album, retrouvons quelques-unes de ses paroles car « c’est le printemps », et il y a encore « des oiseaux dans les arbres » …
« Tous les faubourgs de Carthage » vont résonner du son de sa voix. Sur tous les zincs mouillés, dans « ces pays où le ciel livre des tonnes d’envies et de regrets », nous sommes nombreux à « caravaner » jusqu’au pied de la colline, sur le sentier escarpé et sur la piste des savanes, sur le sable brûlant, la neige des glaciers », à patiner après le grand lac gelé de l’hiver pour capter les échos du dernier Juju, « une vie », notre « nouveau big bang. »
« Une vie » … Quel beau titre !
Lui qui a toujours voulu être « utile à vivre et à rêver » … Sinon, à quoi sert une chanson ? De l’Ukraine à la Russie, il a fait un pont de sa vie et si bien chanté dans cette langue ancienne (qu’on voudrait hélas massacrer) avec des mots qui dansent ou qui voyagent incognito, des mots d’ailleurs qui devraient enfin mettre les empires à l’abri des combats.
Julien a si bien accompagné nos vies et peint tant de tableaux comme peignait Pablo… Ça a commencé comme un rêve d’enfant, depuis la Californie et les dentelles fraîches de nos grands mouchoirs, à cette époque où nous étions juste comme des enfants, crinières de teenagers, enfants au walkman, ciel de cellophane. La vie se promenait sous la soie, la toile ou le velours. On avait tous vingt ans, c’était le bon temps.
Et puis, poussés au dos par un grand vent, jusque bien au-delà de l’an 2000, on s’est moqué de ces gamines qui faisaient des trous dans leurs blue-jeans, pendant que les années rapiéçaient les cœurs qu’elles nous laissaient en lambeaux. Parfois gais, parfois tristes, les choses du temps ont fait nos tempéraments. Les années glissent et glisseront, elles s’en vont comme les bateaux…
Et si le temps passe à pas de géant, Julien n’a jamais été un vieux crooner, un bison assis, un éléphant déjà vieux, une charpie de chapka ; il a laissé l’eau lisser son front car il sait que quand bateau pressé, capitaine pas bon. Du haut de son phare des Vagabondes ou là-bas vers Ouessant, il continue de nous emmener avec lui dans son cirage et dans son sillage, heureux comme un marin qui nage, comme un homme qui a nagé, nagé et qui tend vers nous, une échelle de rêve.
Si on chantait…