Quand Platon voit briller le Capitole...
Sous un ciel sans climat, le Soleil (si cher à Platon) brillerait-il plus fort sur le green ou sur la parade ? Enverrait-il mieux ses rayons bienfaisants sur une Palestine réinventée en Riviera ? Fondrait-il davantage les glaces du Groënland ? Fouillerait-il plus profondément les terres rares d’Ukraine ? Réchaufferait-il encore un 51° État d’Amérique et finirait-il même par illuminer le fond des océans ? Au bout du compte, toute la dorure et le faste du Capitole offriraient-ils au "filousophe" déchaîné la lumière qui montre la voie et guide le citoyen d’Athènes vers ces terres qu’il a promises à la paix et à la prospérité ?
Plus de deux millénaires après Socrate et Platon, un soleil plus ardent incendie l’horizon et envoie ses reflets sur les parois de la légendaire caverne ; mais le vrai philosophe se méfie des nouveaux outils de projection et cherche toujours à réveiller ceux qui sont enchainés au fond de la caverne. Il les avertit contre les ombres qu’ils prennent à tort pour « la Vérité ». Il les met en garde contre les gesticulations et les manipulations de l’opinion. Il leur demande de rejeter ces livres faux qu’une main ignorante, ennemie de la Connaissance et de la Science a purgé de son vocabulaire et de sa substance.
Emporté par la frénésie du pouvoir, les anciens oligarques ont jadis réussi à faire enfermer le maître de la maïeutique parce qu’ils lui reprochaient de corrompre la jeunesse et de tenir des discours en faveur de la démocratie et de l’éveil. Éclairés par les nouvelles technologies, leurs descendants n’ont aucun scrupule à traiter de cette façon ceux qui, au nom de la Raison, de la Liberté et de la Lumière, osent couper leurs liens et se hisser hors de la caverne.