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Juke-box n°3 : Julien Clerc : « Poissons morts », les dangers de la brillantine...

Publié le par Eric Bertrand

En ces temps si troublés, méditons à la fois la phrase de Saint-Exupéry : « On n’hérite pas la terre de nos ancêtres, ils nous la prêtent pour que nous la préparions à nos enfants » et celle du chef indien Sitting Bull : « Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas ». Bien avant les préoccupations liées au réchauffement climatique, au développement durable ou à la préservation des richesses, en ces temps où on ne parlait pas encore de gaz de schiste, de pollution aux particules, d’effet de serre, ou de toutes ces « arnaques » ou « canulars » comme les qualifie Trump, la conscience de la fragilité de notre planète s’imposait déjà comme une évidence.

Tant de catastrophes ont eu lieu depuis.

En 1973, Julien Clerc, chantait « Poissons morts », sur un texte d’Etienne Roda-Gil : « Poissons morts, qui descendez le cours des fleuves, poissons morts… » Comme souvent, chez ce parolier poète, le sens de certaines expressions échappe à la première lecture. Qu’était-ce que « la brillantine des dieux ? » J’écoutais cela et j’avais 12 ans. Je savais que mon grand-père, s’en mettait sur les cheveux pour les rendre lisses et les faire briller. Quand il s’était coiffé, il ressemblait aux images colorées des vieux salons de coiffure, à cette époque où les hommes avaient des airs de toréadors ou de chanteurs de rockabilly. Moi, je n’avais pas droit à la brillantine. Produit réservé aux adultes ! Du haut de l’étagère, cette autre « fée verte » jetait des reflets parfois bleus, parfois verts ... Mais, sitôt sorti du flacon, le liquide laissait des tâches dans l’eau du lavabo, un peu comme les flaques de pluie dans les stations-service… « La graisse de mitrailleuse, n’est pas la brillantine des dieux ».

La pollution s’étendait sournoisement sur la planète, les usines crachaient leurs fumées et leurs produits toxiques dans les rivières, les pétroliers nauséeux vomissaient dans l’océan. Et j’entendais aussi d’autres « yéyés » chanter le Torrey Canyon et son mazout, ou l’Amoco Cadiz et son goudron : « Cent vingt mille tonnes de pétrole brut », « Je suis un pêcheur de Portsall et mes oiseaux crèvent tout sales ». Comme en écho au film avec Charlton Heston « La Planète des Singes », Johnny, sur l’air de la septième de Beethoven, récitait un texte de Philippe Labro : « Qui a couru sur cette plage ? Elle a dû être très belle. Est-ce que son sable était blanc ? Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes dans le creux de chaque dune ? »  Et Jacques Dutronc ou Georges Moustaki évoquait, chacun à sa façon, leur jardin évanoui : « Il y avait un jardin qui s’appelait la terre » …

Et aujourd’hui, en 2025, comment se portent ces jardins, ces plages et ces rivières ?

             Poissons morts, qui descendez cette rivière, allez donc dire à mon amour que je me perds en longs discours » …

 

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