(…) Tout a commencé à Paris, un jour de juillet 2006. Oh, pas au Café de Flore ni au café Procope, mais simplement
dans la salle de réunion d’un établissement parisien. On était à peu près tous là, réunis entre gens qui acceptaient de s’embarquer dans l’aventure du Goncourt... J’aime autant vous dire
qu’épuisés par les derniers oraux, les copies diverses, dans ce début d’été rayonnant, on n’en menait pas large… Mais on s’embarquait tout de même.
Le Goncourt, ça fait comme le café,
rien qu’à exciter, rien qu’à énerver… A l’issue de la réunion, on a compris le message, on a puisé la lumière du phare, un dernier petit noir pour la route, on n’allait peut être jamais
se revoir, jamais plus entendre parler les uns des autres, et mener notre équipage en pleine mer. On deviendrait des rameurs fous divaguant sous la bannière d’un établissement perdu dans les
courants contraires. Bien sûr, il y aurait les coups de fil du délégué régional, les collègues, les faisceaux de lumière de la FNAC, là-bas, tout là-bas, au bout de l’horizon !
Début septembre, j’ai reçu comme tous les capitaines de vaisseau, un mail de l’association « Bruit de
lire ». J’ai aussi lu les noms des autres destinataires et c’est là que j’ai deviné l’odeur du café. Une soixantaine de contacts… Ce café dont je rêvais, il allait ouvrir ses portes à des
lecteurs de partout, et n’importe quand. Les gens viendraient y échanger sur leurs insomnies et leurs idées blanches. Professeurs hagards, lecteurs insomniaques. J’ai lancé la bouteille à la mer.
Je le tenais virtuellement dans la transparence de la bouteille ce cyber café du Goncourt. C’est quand même fou l’effet, l’effet que ça fait… (…)