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Loft Story et Houellebecq

Publié le par Bertrand

Décidément, toujours autour de Tarzan et du Loft, j'ai écouté ce matin une émission consacrée à Houellebecq, et cela me remet dans le contexte de l'écriture de la pièce. Ce que je vais expliquer permettra de comprendre davantage les propos tenus notamment dans le quatrième de couverture du Loft History 2084. À cette période, (2000), j'avais été marqué par la lecture des Particules élémentaires, roman de Houellebecq  présenté en 1997 au Goncourt des lycéens. Spontanément, je n'aurais pas lu ce genre de roman, mais, contraint par l'institution, puisque cette année-là je faisais participer ma classe au jury des lycéens, j'avais fait étudier (avec beaucoup de mal) ce texte que je qualifiais d'abord de répulsif et de peu littéraire. Avec du recul, et la nécessité qu'il y a dans notre métier de rester dans l'objectivité, j'avais finalement proposé aux élèves une réflexion portant sur l’observation par le narrateur des rapports entre hommes et femmes tels qu'ils sont présentés dans les Particules élémentaires. De nombreux passages, on le sait, sont scabreux, insupportables et certains parents avaient même à l'époque porté plainte contre l'étude du roman dans le cadre scolaire. Ce qui m’a finalement paru plus intéressant, ce n’était pas de me « vautrer » avec les élèves dans la fange offerte à cette « école canaille » de la littérature qu’offre la préparation du Goncourt des lycéens, mais de les amener à réfléchir sur la nature humaine, « assez audacieusement » présentée par Houellebecq. À l'issue de cette réflexion dans le cadre essentiellement académique d’une préparation au bac de français en première littéraire, j'avais gardé quelques idées que j'ai remises en situation dans le Loft, à savoir cette conception d'une humanité finissante qu’évoque Houellebecq, cette possibilité de remplacer la bestialité des rapports sexuels par un contrôle beaucoup plus sanitaire des naissances et une éradication du processus de l'engendrement. Ces idées étaient en outre déjà présentes dans l'oeuvre de Huxley, le Meilleur des mondesVoilà ce qu’il en est : Tarzan dans le Loft, c'est un représentant de cette espèce humaine en voie de disparition (ce que j'ai appelé « les indécents » dans la pièce), espèce humaine caractérisée par son côté « primate » : il suffit, pour le lecteur intéressé, de se reporter à l'épilogue de Particules élémentaires. C'est cet épilogue qui m’avait fourni « une planche de salut » et m’avait amené à « innocenter » toute la « saleté » déversée dans le livre : il invitait en effet les élèves à porter un regard plus « entomologiste » sur la peinture de la nature humaine telle qu'elle était présentée dans le livre. On comprenait ainsi que le narrateur n’était pas forcément Houellebecq que l'on charge de tous les maux, mais un clone qui, du haut de ce futur, observait avec condescendance ses lointains ancêtres de l’an 2000.

Dans la pièce, Big Brother et sa clique n'invitent pas le spectateur à autre chose qu’à ce type de regard écoeuré sur une nature dont il souhaite la disparition définitive. Quel plaisir peut-on encore trouver en 2084 à ce dont est victime le malheureux Tarzan :  embrassements furieux, environnement de femmes hystériques et féroces, déclarations d’amour compliquées des méandres de langage, rivalités, haines, baisers claquant, caresses appuyées…
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