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René Frégni lit "le ceilidh"

Publié le par Bertrand

Je reçois ce matin dans mon casier la lettre de René Frégni qui sommeillait là depuis le 17.12 en réponse à mes récents envois à l’écrivain dont j’ai déjà évoqué l’œuvre et la rencontre dans ce blog. Il faut que j’y revienne, notamment au sujet de l’étude que j’ai proposée à mes classes de deux de ses ouvrages.

J’ai en effet travaillé une partie de ce trimestre sur Elle danse dans le noir avec les premières et sur On ne s’endort jamais seul avec les secondes. Promis, j’en ferai l’objet d’une synthèse dans ces prochains jours.

En tout cas, l’un des aspects que j’ai privilégiés au cours de cette étude, c’est la relation avec cet écrivain chaleureux qui n’hésite pas à ouvrir sa porte (et sa boîte aux lettres) au lecteur. Ainsi, à plusieurs reprises, je lui ai adressé des enveloppes, synthèses des élèves et, dans le dernier courrier, un exemplaire du Ceilidh en témoignage de reconnaissance et aussi pour le remercier de l’ouvrage qu’il nous avait donné cet été : l’Estate, traduction en italien de l’un de ces derniers romans.

Il est toujours intéressant d’avoir, parmi ses lecteurs, un écrivain qui rencontre les mêmes difficultés face à l’exercice d’écriture, qui est confronté aux mêmes images, aux mêmes sentiments. Dans la dédicace que je lui avais faite, je lui rendais hommage notamment en me référant à la conversation que nous avions eue ensemble au café, au sujet de la présence du mal et des pulsions secrètes dans la littérature…

Il est évident que René Frégni fait une grande place à ce qu’il appelle « la part sombre de l’homme » dans ses œuvres. Jusqu’à présent, et c’est ce qu’il a ressenti à la lecture des « Nouvelles pour l’été », mon écriture, selon lui,  tendait à faire régner la lumière un peu trop complaisamment. Rien de tel à la lecture : il s’est « jeté dessus » me dit-il... mais au lieu de gloser sur ce qu’il a écrit, laissons donc la place à la plume de l’écrivain et à certains passages de sa lettre…

100-7455.JPG« Maintenant je suis certain que ta part d’ombre existe aussi et, dois-je m’en réjouir, elle est belle. Elle est sauvage et belle comme la silhouette d’Heather, insolente ta part d’ombre, maudite et flamboyante…j’ai adoré la silhouette insolente de cette jeune femme, ses fesses, je les ai dévorés. J’ai regardé avidement Ronald et Heather s’étreindre sur les falaises au-dessus de l’écume en écoutant la voix profonde d’Enya. Voilà une scène terrible ! vulgaire et juste comme ce petit cul monticule. Àh, ce que j’aurais eu envie de le prendre ce petit cul ! Là, Éric, tu es fort ! tu es fort parce que tu es vrai. Voici un beau texte brutal de bout en bout, plein de récifs coupants, de tempêtes, de ruines, de sang et de sensualité sauvage. Un texte qui accroche le ventre et déchire les pull-overs des jeunes filles trop sages. Ta plume dans ces deux textes, la nouvelle et la pièce, est aussi pointue que des seins de jeunes filles, aussi arrogante. On s’y abîme le regard avec passion. On est donc beaucoup plus près de Macbeth et de Shakespeare. Tes étudiantes doivent se régaler, se vautrer dans la jalousie, le pouvoir, le sexe et le crime…Éric, tu as réussi à nous égarer entre la réalité si vivante, brûlante de l’érotisme et les légendes lointaines des landes et de la mer. »
 

 



 

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