Point final ?
Suite du
journal du 9.08 : Il est 14h20 et je mets le point final à cet ouvrage. (Ainsi je puis donner par le biais de ce blog des
indications précises à ceux qui me posent souvent la question de la durée de l’écriture : j’ai commencé à travailler sur le projet le 9 juin dernier et nous sommes aujourd’hui, est-ce une
coïncidence, le 9 août)
C’est une immense satisfaction d’avoir fini dans le temps que je
m’étais imparti… D’autres préoccupations vont succéder à ce gros « chantier ». Même si je sais qu’il va me falloir effectuer un travail de relecture, rabotage,
ajustement… cette fois, je tiens le corps et la matière brute. Je vais commencer par relire le récit et le corriger afin, dans un second temps, de le donner à lire à quelques proches et
de me servir des modifications du récit pour retravailler le texte de la pièce.
"Porta Messina", da Santo Stefano di Camastra.
de toutes parts, les envois de fichiers d'interviews de Schneider,
Bataille, Audouard, Laurens qui permettent entre autre de sortir un peu
des questions qui tentent à priori les élèves et qui tournent souvent
autour de l'autobiographie et de les amener à aborder" le métier"
d'écrivain, la nécessité d'écrire, l'écriture etc.
Pour répondre à la question d'Agnés, j'ai écouté Boulin samedi matin (
pour l'avoir fait, je signale qu'il est possible d'enregistrer son
émission en allant sur le site de France culture )alors que je préparais
des rencontres que nous avons faite hier matin entre le lycée de Anita
Conti de Bruz et le lycée de Rennes : 8 tables rondes autour de 8
titres, chaque élève participant à 2 d'entre elles en fonction de leur
choix et de leurs lectures . En particulier un groupe s'était proposé de
débattre autour de Supplément ..Les premières réactions spontanées de
certains de mes élèves la semaine dernière, très séduits par l'actualité
du livre, la citation finale de Proudhon que chacun interprète selon son
idéologie et le discours assez "jeuniste" de Boulin aidant, me
faisaient redouter le pire d'autant que cette histoire est propice à
induire échanges passionnés et polémiques. Anticipant quelque peu sur ce
qui allait se dire : "il décrit bien la réalité"," il est beau, il est
jeune"(sic), je souhaitais qu'ils prennent un peu de distance critique
et l'émission de Répliques m'a plutôt aidée. J'ai laissé les premières
réactions s'exprimer, ils se sont interrogés sur le thème, genre (roman?
Pamphlet ?...) Des avis très partagés ont permis de souligner
l'ambiguïté de l'ouvrage. J'ai rebondi sur une objection que
Finkielkraut a faite très judicieusement à Boulin ( en citant mes
sources)que je résume : parmi les Invisibles, les femmes et les jeunes
filles des banlieues occupent une place non négligeable: une association
comme "ni pute ni soumise"peut-elle être présente dans un livre comme
Supplément au roman national ? Cette question a permis de cerner la
partialité des propos de Boulin et a relancé les échanges de façon
réfléchie.
Ensuite, pour relativiser cette sorte de constat d'une violence
incontournable que la France mériterait pour expier toutes ses erreurs
vis à vis des Invisibles et que les élèves sentent dans le livre, je
suis retournée à la littérature : celle de Zola avec Germinal ( sourires
goguenards de la part de quelques-uns : c'était une autre époque !).
J'ai convoqué le personnage de Souvarine, qui incarne face à Rasseneur
et à Etienne Lantier une idéologie nihiliste puisque en gros il dit : il
faut tout raser, tout détruire et après, il repoussera un monde meilleur
: le rapprochement avec Supplément a été immédiat. Finalement la
rencontre a été très riche. Je signale aussi une critique parue dans
les Inrrokuptibles en septembre.
Ces échanges autour de 7 titres avec une faveur accordée au journal
d'Hirondelle ( nous recommençons dans quelque temps autour des autres
romans ), a fait aussi surgir une question : celle qui concerne la
récurrence de la question du sexe et du langage cru qui l'aborde : les
élèves qui ne sont pas particulièrement prudes se demandent s'il est
bien nécessaire d'en passer par là et ont une réflexion souvent
pertinente vis à vis de ce qu'ils considèrent comme une sorte de
complaisance. Pour l'instant, je n'ai pas lu L'Amant en culottes courtes
livre autour duquel se concentrent la plupart des critiques. Je viens de
voir sur le blog d'Eric une lecture de collègue qui me paraît tout à
fait intéressante pour aborder ce texte de façon littéraire.
. Ils vont rencontrer Nothomb mercredi et Vallejo le 25 octobre. Je
transmettrai le contenu de ces rencontres. La semaine prochaine, nous
parrainons un lâcher de livres de la sélection Goncourt organisé par la
FNAC et la ville de Rennes : la classe qui travaille avec une comédienne
autour de la lecture orale très rapidement présentera au passants chaque
titre : nous travaillons les slogans incitatifs à la lecture de manière
à ce qu'ils soient un peu originaux.