« Suite du journal du 12.08 : Ainsi je travaille le
côté rebelle d’Ornella qui se manifeste dés l’adolescence, le
côté
trouble de Tiziana, le
côté calculateur de Salvatore sur le ponton. Comment un manipulateur s’y prend-il dans
un espace de transparence comme un
ponton ? Il a notamment la fonction de
révéler Tiziana, de la faire sortir de ses gonds et conventions.
Il faut donc décrire la jeune fille comme une créature guindée qui ignore sa féminité et qui ne sait pas mettre en
valeur sa beauté et sa grâce. C’est cela aussi la fonction du ponton et sa valeur expérimentale. Cette prude, pétrie de principes découvre la sexualité. Il faut
le suggérer.
Salvatore est tendance sadique. Il joue sur le désir de sa partenaire… mais il ne fait que jouer. Il n’a pas envie
d’aller plus loin. Ce qu’il cherche surtout à faire, c’est se venger d’elle. Par ailleurs, dans le processus d’écriture et d’analyse, je « vois » beaucoup plus mes personnages et je
décèle leurs tics : petit bout de langue de Gilda quand elle est heureuse, passion de l’autorité de Tiziana…
Un po di sale nei personnagi...
Rubrique Goncourt :
Lecture des Bienveillantes
Après onze jours de « siège », j’achève aujourd’hui 3 novembre la lecture de cet énorme
roman. En dépit des apparences, je ne suis pas un lecteur assidu. Trop de sollicitations, pas l’habitude, ni le temps de tout mettre en veilleuse et de me plonger deux à
trois heures d’affilée en pleine journée dans la lecture… Mais là, pas le choix ! C’est aussi le contenu de la mission que j’ai acceptée… Et ce soir, c’est un immense
soulagement, celui de l’avoir accomplie (car avec les Bienveillantes, c’est aussi la fin de toutes les autres lectures ! Même si je concède ne pas avoir bien lu certains ouvrages
« qui ne passaient pas » : le Bois des amoureux, Quartier général du bruit, Supplément au roman national, Contours du jour qui vient…)
Quelle libération ! Cours à préparer, copies, activités sportives, théâtre, écriture…
Difficile de tout concilier avec cette charge supplémentaire ! Nous allons passer sereinement à la phase publique de cet effort de lecture. J’y consacrerai des articles, en
alternance avec cette série un peu longue sur les Bienveillantes, pour lequel j’ai tenu un « carnet de bord » spécial dont je livre le contenu très prochainement.
Réaction de collègue :
Pour compléter ce que tu dis sur le titre et Electre,
je peux rajouter que j'ai fait travailler mes élèves
sur l'Orestie: les rapprochements entre le narrateur
et Oreste sont plus qu'évidents et assez féconds. Sans
compter la fonction des autres personnages. D'ailleurs
l'auteur a refusé de placer le problème du mal dans
une perspective judéo-chrétienne mais a préféré le
développer à la lumière de la tragédie grecque et du
concept de la "dikê".