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Dans l’atelier d’un livre, épisode 13 : confidences de lecture (2/3)

Publié le par Eric Bertrand

          Comme je l’avais annoncé la semaine dernière, je parcours aujourd’hui et la prochaine fois les différentes expériences de la lecture dont j’ai reçu témoignage.
          Lire offre « un refuge, un cocon, une bulle de liberté et de dépaysement ». Dès que tu t’empares d’un bon livre, tu sais que va commencer « l’évasion » et que, pour cela, tu disposes d’une sorte de tapis magique au format poche qui vaut tous les véhicules, garanti sans mal des transports. Et d’abord, tu savoures un moment de reconnaissance mutuelle : tu « le tiens entre les mains », tu te renfermes avec lui dans une sorte de cercle clos, « au calme et à l’abri des regards ». Tu te laisses aller au plaisir de respirer les pages, de les humer à la façon du chien avisé du bon Rabelais qui inspecte un os avant d’en déguster « la substantifique moelle ». Une lectrice confie : « J'ai un odorat très sensible et un rapport très particulier avec les livres. Par exemple, lorsque je prends un livre à la médiathèque, je regarde s’il est sale sur la tranche, s’il sent le tabac ou la grange, c'est rédhibitoire pour moi. La première chose que je fais c'est de donner un coup de lingette sur la couverture ».  Tu tournes et tu retournes le livre, tu le palpes. « Tu touches le papier, tournes les pages, effleures les lignes de la main ».
           Et ce contact, d’essence éminemment charnelle, finit par affoler ton cerveau : un peu comme Baudelaire au tout début de ses « Fleurs du Mal », tu t’élèves, tu te sens fort car tu sais déjà que le roman écrit le destin des personnages et que, ce destin, tu le tiens au moins à hauteur d’homme. Au fil des pages tu verras tout : l’espace, le temps, l’extérieur, l’intérieur, la vie, la mort… Tu seras aussi amené une fois de plus à réfléchir et à essayer de mieux comprendre « pourquoi, dès le début de l’humanité, l’homme est un prédateur, qui pratique la haine, le racisme et le pouvoir aveugle ». Jusqu’au moment où il faudra « fermer la dernière page avec regret ».
             Alors tu pourras encore relire, ou bien « revenir sur un passage, annoter au crayon papier ce qui t’a touché ou ce qui t’a perturbé ». Au bout du compte, tu auras « rompu ta solitude par ce moment de partage, et d'amour des mots » et tu remercieras peut-être aussi l’auteur pour avoir réussi à te convier « à une découverte de toi-même et à des temps précieux d'écriture. C’est un acte magique, quand on y pense, de pouvoir à ce point se raconter une histoire, simplement en arrangeant de diverses façons les 24 lettres de l'alphabet. Je m'évade et je vis à chaque fois une nouvelle aventure dans l’écrin de ces merveilleuses 24 lettres... au point que l'envie m'est souvent venue de tenter moi aussi un mélange et ainsi de devenir moi-même l'auteure ».
             L’une des trois héroïnes de « Lire ou pâlir à sa vue » aura cet instinct qui montre à quel point il est parfois difficile de se séparer d’un livre quand on y adhère. L’écriture est un moyen magique d’en assimiler un peu la matière et ainsi, de se faire caméléon !

             La semaine prochaine, on continue dans cet examen des retours de lecteurs.

 

 

Dans l’atelier d’un livre, épisode 13 : confidences de lecture (2/3)
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