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Dosette de lecture n°143 : Michel Moatti, «Darwin, le dernier chapitre », Le poison de la théorie de l’évolution des espèces.

Publié le par Eric Bertrand

            Comment, quand on s’appelle Darwin, qu’on est âgé d’à peine 23 ans et qu’on n’a pas le pied marin peut-on se lancer dans un tour du monde qui va durer près de cinq ans ? La tentation du voyage en passager surnuméraire à bord d’un navire dans lequel ils pourraient occuper un poste spécial continue de fasciner beaucoup d’auteurs. On se souvient du jeune Ismaël dans « Moby Dick », de Joseph Conrad, de Louis Stevenson et de tous ces « écrivains voyageurs » qui embarquent sous la plume leurs rêves et leur imaginaire.
            Quand il quitte le port de Plymouth à bord du Beagle, le jeune Darwin n’est pas connu ; il obéit simplement à une sorte d’aimantation pour ce type d’aventure alors même que rien ne l’y prédispose et qu’il peine à convaincre son père de consentir à lui payer le voyage qu’au demeurant, il ne supporte pas, tant il est, dès les premiers jours, victime du mal de mer. Et puis, il avale difficilement ces mauvais traitements que le capitaine réserve à trois Fidjiens qu’il considère comme des esclaves ; de plus, pour tenir sa ligne de scientifique menant sa mission, il est obligé de subir les moqueries, le scepticisme, de discuter sa théorie au sujet de l’évolution des espèces et d’affronter le terrible révérend du bateau qui lui rappelle sans cesse les règles de la Création et qui refuse obstinément ses idées « d’hérétique ».
            L’énonciation qu’a choisie l’auteur permet d’aborder cette aventure à travers trois points de vue qui se mêlent, chemin faisant et qui permettent au lecteur de s’interroger sur la cause véritable de la dégradation de l’état de santé du héros ; alternent tour à tour le point de vue de Darwin, celui de Moss le cartographe, celui de Parker Moss, le garçon de cabine. Dans des lieux chaque fois différents, envers et contre tous et malgré ses alarmantes défaillances, le futur savant élabore avec opiniâtreté cette théorie si dérangeante selon laquelle « Les ordres et les espèces se superposent et se fondent, comme la pâte de modelage »

 

 

Dosette de lecture n°143 : Michel Moatti, «Darwin, le dernier chapitre », Le poison de la théorie de l’évolution des espèces.
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