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civilisation sicilienne

Le sirocco

Publié le par Eric Bertrand

« (…) Pendant une longue semaine, le sirocco, avait soufflé, tenace sur les terres déjà brûlées de Sicile.
Ce vent tenace, chargé de sable et de poussière saharienne, descend d’Afrique. Il roule avec lui un ciel jaune, une boule de soleil blanc et des restes de cendre. Plus d’étoiles la nuit, plus de lune, plus de mer, une étendue grise, sinistre, un voyage sur un autre globe… »
Extrait de la version narrative du Ponton (chap 2)
              Chaque pays a sa « petite hantise ». Dans les Highlands, à l’honneur l’an dernier, ce sont les fameux « midges », ces moustiques minuscules qui volent en nuées et qui empoisonnent l’existence du campeur par les beaux soirs d’été… En Sicile, le fléau, c’est le sirocco
              Nos amis se réjouissent pour nous : « le temps peut être si agréable en Sicile au printemps » et en effet il l’a été. « Mais il faudra revenir en été ! L’été est si beau, la mer tellement chaude ! Il n’y a que des Français ou des étrangers du Nord pour oser s’y baigner… Mais en été, c’est un tel ravissement !... Excepté quand le sirocco se lève. Le sirocco est terrible. Il t’anéantit, te condamne à la pièce close. Tu ne peux pas sortir de chez toi, c’est insupportable et parfois, il dure, il dure… »
              Le sirocco est le vent du désert. Quand il s’abat sur la Sicile, son effet est redoutable, d’autant qu’il transporte du sable qui aveugle et qui étouffe. La lumière est pâle, la chaleur insupportable, la nuit comme le jour, et la tiédeur du souffle n’a rien de sensuel comme le voudrait l’image qu’emploie Francesca dans sa tirade sur l’éveil d’Angelika :
 
« (…) Francesca : rien ne la troublait, ni les parfums suaves des fleurs et des fruits, ni les odeurs fortes de la mer, ni la caresse tiède du sirocco qui passait dans ses cheveux et entre ses jambes. Les hommes la regardaient, lui envoyaient des baisers… elle ne se retournait pas et son visage restait de marbre (…) »
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Chiudi la porta, c'é lo sirocco !

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Fiat 500

Publié le par Eric Bertrand

Miteuse, pneus crevés, carrosserie piquée de rouille, mais sans bosse, derrière l’écran d’élégance de la jeune mannequin qui posait pour les photos d’un magazine dans l’article d’hier, la Fiat 500 était déjà mise en vedette….
                  On la voit partout en Sicile. J’imagine très bien un Salvatore un peu plus âgé, arriver sur la scène non pas sur sa trottinette mais à bord de sa Fiat 500. Il faudrait aussi les moyens techniques du cinéma…
                  La Fiat 500 est une voiture tout en rondeurs, en ventre gonflé et en fesses, et pourtant tellement passe-partout. Voiture poisson-pilote, pour circuler dans le madrépore palermitain, avec sa cuirasse et sa silhouette de créature des profondeurs, sans branchies, sans rétroviseurs. La ville glisse sur le fer de sa carlingue.
                  "Topolino" comme la surnomment les Italiens. Voiture du club Mickey. Epave à la sortie du « mercato » de Palerme, sommeillant dans l’arrière-cour d’un vieux palais, cavalière, à cheval sur un trottoir dans une rue de Messine, audacieuse, sinuant dans la circulation à l’entrée de Palerme, silencieuse dans la vitrine d’un concessionnaire Fiat, sagement garée entre une alfa Roméo et une grosse Fiat, torse nu, toutes portes ouvertes sur le port de Cefalù, légère, au sprint, carosserie bariolée, maillot à pois rouges, « éléfantino » sur la montée pavée qui, du centre de Santo Stefano, monte à la colline...
Dov'è la bicicletta Gigi ? 
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« La Primavera » : apparition (1/2)

Publié le par Eric Bertrand

                  Ne quittons pas encore le périmètre de NinoL’emballement de Gigi au moment où il voit l’Americaine pour la première fois, emprunte beaucoup en effet à la façon dont il réagissait en présence d’une étrangère…
 
« (…) Salvatore : c’est l’Americana !...c’est la première fois que je la vois en ville, d’habitude, elle reste dans sa villa ou voyage avec son père. C’est la fille du réalisateur américain, Ferrari. Gilda Ferrari… Sacré fauve, hein ?
Gigi : (abasourdi) : quelle vision ! Ferrari… Quel bolide ! (Reprenant progressivement ses esprits) Quelle villa ? 
Salvatore : la villa sur la plage, tu sais, la plage du ponton ! Atterris mon vieux !
Gigi : (sous le coup de l’éblouissement) : che marevigliosa ! ...Non ci credo, non ci credo ! Merveilleuse élégance ! Des yeux brillants, malicieux, insolents, des yeux de braise, Salvatore ! Una principessa ! Les cheveux en diadème, la nuque torsadée comme un thyrse, l’échine de bronze ! (Comme un somnambule, il se lève pour mimer la démarche de la jeune fille) Quel déhanchement Salvatore, tu as vu cela ? Un coup à droite, à coup à gauche, une vraie balade entre deux hémisphères !... Je n’ai jamais vu une fille comme ça, Salvatore ! Elle me fait l’effet d’un coup de tonnerre…(…) »
              Au cours de ce voyage, j’ai été victime d’une vision qui peut rappeler (avec un brin d’humour, que le lecteur se rassure !) celle à laquelle Gigi est confronté à la scène cinq de l’acte 1. Cela s’est passé à Palerme, et j’y reviens demain…
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Un bolido ! Non ci credo, non ci credo !
 

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Nino, play boy, modèle de Gigi (2/2)…

Publié le par Eric Bertrand

Le « play-boy » des années 80. Celui qui nous amenait à bord de sa voiture vibrante de musique, celui qui se promenait en slip de bain blanc sur son élégant vélo blanc et qui, à l’occasion, tenait le magasin de céramique de son père, celui qui, je l’ai su plus tard par Gaetano, s’est acheté une grosse moto Honda, a créé en Italie du Nord une entreprise de bronzage pour « bronzer tout Milan », celui qui ne rêvait que Suédoises et Norvégiennes (« les panthères suédoises du Ponton… ), celui qui nous sortait de notre tente miteuse pour nous entraîner à Cefalù ou à Capo d’Orlando, à la discothèque le « Sombrero »…
         Celui-là m’est tombé dans les bras le jour de Pâques... Les Italiens sont toujours très démonstratifs et c’est chose commune pour les hommes de se donner l’accolade et de se promener bras dessus bras dessous. Nino m’a présenté à sa femme, à ses deux fils. Il est devenu instituteur et possède en même temps deux magasins exotiques.
Ce redoutable Casanova tient maintenant des discours enflammés (devant son épouse) sur les mérites de la fidélité et de la famille « car la vie est si brève que l’homme a besoin d’un équilibre… C’est ce dont il faut convaincre les jeunes. Les élèves écoutent quand tu leur parles de ça. Ils m’écoutront quand je leur dirai que mon ami Erico est venu me retrouver vingt ans plus tard. Je ne sais pas si c’est la Providence, mais il y a un Dieu, ça ne peut être autrement. Qu’est-ce que tu en penses Erico ? Fort accent sicilien… » Il a toujours été bavard. Mais son petit filet de voix n’a pas changé, et j’entends encore, derrière le discours apostolique, la voix de celui qui s’excitait à la moindre casquette allemande, norvégienne, suédoise ou américaine et qui faisait de chaque jour une fête de la drague. « Le camping, c’est la jungle ».
Andiamo a Cefalù con Nino...
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Nino, modèle de Gigi (1/2)…

Publié le par Eric Bertrand

« (…) Tous les après-midi, au moment où le village somnole, Gigi arrive au bar sur son vélo blanc. Il porte des lunettes noires et un maillot de bain en coton blanc à la ceinture duquel il accroche le peigne.
Gigi est bien connu dans le village. Il est le fils unique d’un artisan en céramique. La famille possède trois magasins. La succession est assurée. Gigi n’a que des petites sœurs… Alors Gigi se contente de butiner quelques conseils auprès de ses aînés qui, tout au long de l’été, assurent la réputation de la maison auprès des nombreux touristes de passage. Gigi ne veut surtout pas déranger. Les affaires marchent bien, le commerce roule.
Les magasins du père, de l’oncle et du grand-père ne sont pas situés loin du bar dans lequel il s’installe le plus clair de son temps. Quand une voiture immatriculée à l’étranger s’arrête, quand il aperçoit une silhouette attrayante, cheveux blonds, jupe, crinière fauve, hauts talons, il vient prêter main forte, il offre une hésitante traduction de l’anglais à l’italien, de l’italien à l’anglais, conduit la jeune fille dans les couloirs de céramique, propose des ristournes et du café. Parfois, si l’occasion se présente, un rendez-vous… Mais un rendez-vous à Cefalù, loin du village et des cancans (…) »
Cet extrait du chapitre huit de la version narrative offre une description plus détaillée du personnage. Ce que le lecteur ne sait peut-être pas, c’est lui qui a été inspiré par un ami que j’ai rencontré la première fois en Sicile, en 1981, alors que je traversais Santo Stefano en auto-stop. Il s’agissait de Nino, que j’ai retrouvé cette année… Qui est ce fameux Nino ? J’y reviens dans l’article de demain.
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Quando ho contrato Nino a Santo Stefano di Camastra !

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