Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

citations et proverbes

Father and son : Cat Stevens en terminale L

Publié le par Eric Bertrand

   

               Cela n’est guère original et je l’ai assez indiqué à travers mon « Pour y voir Clerc », il y a des chansons qui remontent le temps. Surtout si on ne les a pas entendues depuis longtemps (ce qui est rare à notre époque où les ados se mettent à fredonner des vieux tubes affadis par les voix et les cymbales de la star ac !)

                Au détour d’une radio, j’ai réentendu cette belle chanson de Cat Steven : « Father and son »... C’était en cours d’anglais, l’année de terminale. Lycée de Bourgoin Jallieu, classe de filles, trois bons copains, Shaghaz, Sir Henry, Erik le Viking (nous autres avions à 17 ans la manie des surnoms !...) A cette époque, je n’avais pas encore « extrait mon anglais » de la salle de classe et je n’en comprenais finalement pas grand-chose.

                Je revois le texte anglais écrit à la main et tiré sur feuillet ronéotypé et papier stencyl. Je plaisante avec Shaghaz sur la paume de la main encore bleutée de notre vieux professeur maladroit (celui-ci était l’un des seuls à ne par avoir surnommé !). Nous pouffons de rire, il n’y a que Sir Henry qui sache bien garder son calme et tromper les apparences. « Taisez-vous les gars, cette chanson, elle a du sens ! »

                 Je fais semblant de m’intéresser. L’air de la chanson finit par m’accrocher, et les mots me deviennent immédiatement clairs... « You’re so young, and I know it is not easy to listen »... “Pas facile d’écouter ». Mais que dit la chanson pour subitement me toucher à ce point ? Cette fois, c’est moi qui fais signe à Shaghaz de se taire. « Tais-toi, t’a pas compris ! » Le texte parle du conflit des générations, il parle de notre avenir, des étapes de la vie (cette grande Inconnue que nous toisons à dix-sept ans), de la possibilité de « s’installer » en ménage à son tour... « Find a girl, settle down, if you want you can marry…”.

                 Et en même temps, comme ce que chantait Cat Stevens me paraissait loin et pas fait pour moi ! Et je regardais mon vieux prof d’anglais avec toutes ses rides, son alliance, son nœud de cravatte et les photos de ses voyages en Ecosse quand il était jeune (la rituelle projection de diapos de la fin de trimestre...). Ce vieux prof que j’aimais bien au fond mais que je ne pouvais à l’époque m’empêcher de contrarier !

« Look at me I’m old but I’m happy… I was once you are now »

« J’étais jadis ce que tu es aujourd’hui... »

                 Valse mélancolique du temps !

           

 

 

 

               

Voir les commentaires

La végétation sous l’homme

Publié le par Eric Bertrand

           J’ai déjà signalé que l’un des principaux motifs sur lesquels je voulais m’exprimer à l’origine dans « L’Organisme » était celui de la proximité entre l’homme et l’animal. Le thème n’est pas nouveau et le lecteur pense évidemment aux fables de La Fontaine. Mais il faut aussi rappeler le travail que mènent dans leurs romans les caricaturistes que sont Balzac  ou Hugo. N’oublions pas non plus la conception matérialiste de Diderot qui, dans « Jacques le Fataliste », écrit l’analyse suivante, que j’aurais bien placée en exergue à mon livre :

 

          « Le tout change sans cesse. L’homme n’est qu’un effet commun, le monstre un effet rare, tous les deux également nécessaires, également universels. Et qu’est-ce qu’il y a d’étonnant à cela ?

           Tous les êtres circulent les uns dans les autres, par conséquent, tout est dans un flux perpétuel, tout animal est plus ou moins homme, tout minéral est plus ou moins plante, toute plante est plus ou moins animal, il n’y a rien de précis en nature. »


arcimboldo.jpg

Voir les commentaires

Littérature leste : le soleil a rendez-vous avec la lune, Alfred avec George (4/4)

Publié le par Eric Bertrand

             Pour terminer  cette opération de voyeurisme littéraire, tournons-nous du côté de la réponse de Musset à sa maitresse, réponse à nouveau codée. Il s’agira cette fois de ne lire que le premier mot de chaque vers pour reconstituer le sens du message :

 

Quand je mets à vos pieds un éternel hommage

Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?

Vous avez capturé les sentiments d'un cour

Que pour vous adorer forma le Créateur.

Je vous chéris, amour, et ma plume en délire

Couche sur le papier ce que je n'ose dire.

Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots

Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

Bien à vous

 

               Et quelle réponse ? Même procédé !

 

Cette insigne faveur que votre cour réclame

Nuit à ma renommée et répugne mon âme.

chez Martine (10)

Voir les commentaires

Littérature leste : George Sand et ses insinuations (3/4)

Publié le par Eric Bertrand

atelier-octobre--8----.jpg             Continuons cette promenade dans l’encanaillement en décryptant cette lettre codée que la sulfureuse Aurore Dupin, alias George Sand envoyait à son amant Musset. Je laisse le lecteur découvrir le contenu masqué de la lettre en lui livrant la clé : il s’agit simplement de la lire un vers sur deux...

               Bonne lecture !

 

Je suis très émue de vous dire que j'ai

bien compris l'autre soir que vous aviez

toujours une envie folle de me faire

danser. Je garde le souvenir de votre

baiser et je voudrais bien que ce soit

là une preuve que je puisse être aimée

par vous. Je suis prête à vous montrer mon

affection toute désintéressée et sans cal-

cul, et si vous voulez me voir aussi

vous dévoiler sans artifice mon âme

toute nue, venez me faire une visite.

Nous causerons en amis, franchement.

Je vous prouverai que je suis la femme

sincère, capable de vous offrir l'affection

la plus profonde comme la plus étroite

en amitié, en un mot la meilleure preuve

dont vous puissiez rêver, puisque votre

âme est libre. Pensez que la solitude où j'ha-

bite est bien longue, bien dure et souvent

difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme

grosse. Accourrez donc vite et venez me la

faire oublier par l'amour où je veux me

mettre.

Voir les commentaires

Littérature leste : Diderot entre la gaine et le coutelet (2/4)

Publié le par Eric Bertrand

              Le thème de l’infidélité suscite de nombreux débats et œuvres d’esprit au XVIII° : citons par exemple la pièce de Marivaux « la Dispute » qui essaie d’établir lequel, d’entre la femme ou l’homme, a trahi l’autre le premier ?... Diderot, de son côté, nous offre dans « Jacques le fataliste », ce léger et brillant apologue de la gaine et du coutelet !

 

Un jour la Gaine et le Coutelet se prirent de querelle; le Coutelet dit à la Gaine: "Gaine, ma mie, vous êtes une friponne, car tous les jours, vous recevez de nouveaux Coutelets... La Gaine répondit au Coutelet: Mon ami Coutelet, vous êtes un fripon, car tous les jours vous changez de Gaine... Gaine, ce n'est pas là ce que vous m'avez promis... Coutelet, vous m'avez trompée le premier..." Ce débat s'était élevé à table; Cil, qui était assis entre la Gaine et le Coutelet, prit la parole et leur dit: "Vous, Gaine, et vous, Coutelet, vous fîtes bien de changer, puisque changement vous séduisait; mais vous eûtes tort de vous promettre que vous ne changeriez pas. Coutelet, ne voyais-tu pas que Dieu te fit pour aller à plusieurs Gaines; et toi, Gaine, pour recevoir plus d'un Coutelet? Vous regardiez comme fous certains Coutelets qui faisaient voeu de se passer à forfait de Gaines, et comme folles certaines Gaines qui faisaient voeu de se fermer pour tout Coutelet; et vous ne pensiez pas que vous étiez presque aussi fous lorsque vous juriez, toi, Gaine, de t'en tenir à un seul Coutelet; toi, Coutelet, de t'en tenir à une seule Gaine."

c--ramiques2.jpg 
         

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>