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livres

« Le laboratoire de l’écriture » : nouvel avis de lectrice sur « L’Organisme » (3/3)

Publié le par Eric Bertrand

              Pas de " happy end " dans ton livre, mais une fin tragique à l'image de l'univers sombre décrit dans l'histoire.... Une réflexion sur l'écriture m'est venue. Tu diras peut-être qu'elle est spontanée, moi je la qualifierai plutôt de niaïve.... Je pensais qu'un auteur écrivait avec "sa plume", son talent, sa maîtrise de la langue et une histoire dans la tête à raconter...Je m'aperçois ( parce que tu me l'as fait comprendre) que tout ce dont je parle n'est pas suffisant , qu'il y a des techniques à connaître, des stratégies à suivre pour amener le lecteur là où on veut qu'il aille.
Tu parles aussi de l'écriture comme un " laboratoire". Il me semble que ce livre en est un bel exemple. L'auteur doit oser prendre des risques, faire des expériences, échouer, tirer partie de ses erreurs et recommencer autrement;
             Tu parles aussi de l'écriture comme une "matière " à travailler et je vois que tu dois souvent remodeler cette matière, la façonner, la transformer.... Je pensais, naïvement, que tout çà était plus spontané! Autrement dit, ça n'est pas donné à tout le monde d'écrire comme tu le fais (mince, c'est pas demain que je vais écrire le roman du siècle) Il faut " du temps, du courage et du coeur" aussi de la persévérance, de la générosité, de la confiance; Bravo pour ton talent, bravo d'oser, d'y croire et de te battre!

 

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« Profs usés par la lourdeur du système » : nouvel avis de lectrice sur « L’Organisme » (2/3).

Publié le par Eric Bertrand

Face à eux, il y a les profs, tous différents; mais tous seuls , "capitaines abandonnés" de navires voguant plus ou moins aisément sur cette mer agitée! Et puis, tu décris un prof en particulier. Ce prof, avec le temps est devenu un individu fatigué, sans espoir, dépressif et souvent malade. Oublié la passion d'antan pour l'enseignement. Il est usé par la lourdeur du système, soumis à la désapprobation de la direction, des collègues, au mécontentement des parents, et il a fini par " lâcher-prise" (la hantise de nombre d'enseignants, la mienne aussi!)
             C'est aussi un homme frustré, pervers, avec une vie sexuelle quasi-nulle. Il se ratatine, s'auto-détruit, broyé par le système et son manque de foi. Sa mutation en insecte finit de le rendre inexistant, inutile. J'aime ces personnages de anti-héros. Ils incarnent la lâcheté, la cruauté, l'égoïsme parfois, le cynisme. Ils exorcisent notre peur face à notre part d'ombre plus ou moins assumée (« cacher le cracra » dit Souchon). Ils ont aussi un certain courage, celui qui consiste à ne plus craindre le regard des autres, à plus chercher à plaire ou à être aimé!
              Tu as choisi de faire se métamorphoser tes 2 héros en bousiers. Pas n'importe quel insecte, un bousier: Il se nourrit des excréments des autres insectes....Et le bousier "adulte" meurt en sécrétant un liquide immonde. Tout un symbole d'une vie et d'une mort ratées ! Il me semble, d'ailleurs, que tu parles beaucoup de ce dont on a honte, dont on ne parle pas; odeurs, sécrétions, pulsions, nos corps sont des organismes que l'on préfére oublier...
               Faisant écho à l'aspect honteux de nos corps, il y aussi cette âme noire et sans scrupules, celle que nous possédons tous, bien cachée dans les replis de notre cerveau, à laquelle nous sommes confrontés de temps en temps, et dont nous avons honte; un extrait de ton livre " Ne perds pas trop de temps à ruminer des pensées pures. Le bleu et le rose n'esxistent que dans le ciel.....Et étouffe ta nostalgie! La nostalgie n'appartient qu'aux hommes!"
" Je devais m'efforcer d'être cruel. Me servir de cette cruauté. Me tendre tout entier vers l'exercice délicieux de la cruauté. Le temps de l'humanité était terminé pour moi"

 

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« La description de l’adolescence » : nouvel avis de lectrice sur « L’Organisme » (1).

Publié le par Eric Bertrand

               Un nouvel avis de la même lectrice m’étant arrivé hier à propos de « l’Organisme », je termine cette série de réactions à trois de mes livres avec ce point de vue intéressant et structuré en trois temps que j’ai repris à son auteure : la description de l’adolescence, les profs usés par la lourdeur du système et le laboratoire de l’écriture.

               Maintenant " l'organisme". Je te livre mes réflexions avec mes mots pas très sophistiqués, mon interprétation, et mon semblant d'honnêteté.
J'aime toujours autant ton écriture, le vocabulaire riche, insicif, la parfaite maîtrise de la langue. Je sens que chaque mot est choisi, pesé, que tu es exigeant sur la précision des termes employés. J'aime les chapitres courts, qui donnent du rythme au livre et l'envie d'en savoir toujours plus. C'est un livre qui " tombe des mains" tant il captive, peut-être encore plus que les 2 autres.
               Ce qui me frappe , c'est la description de l'adolescence, avec ses moments gais ,mais aussi qui inspire aux adultes qui encadrent ces jeunes ( enseignants en particulier) un certain rejet , un certain dégoût ( une fois, tu m'as dit que tu avais un rapport de haine/amour avec tes élèves, j'avais été surprise par la puissance des mots choisis, je comprends mieux maintenant)
Disparus les charmants bambins si frais et spontanés, place à des ados livrés à leurs pulsions, à leur corps en mutation, à leur coeur en ébullition, à leur révolte face à un monde qu'ils craignent. Leurs émissions suspectes de sécrétions en tous genres, leur odeur, leur crasse, leur pulsions sexuelles à l'état brut, verrouillent leur intelligence et leur esprit critique. Ils ne sont plus que des" organismes" ambulants....Qui a eu des ados à la maison (j'en fais partie) sait l'exaspération qu'ils inspirent...

 

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La vie comme réservoir à la fin du « Guépard »

Publié le par Eric Bertrand

L’une des beautés du roman de Lampedusa, « le Guépard » c’est cette méditation sur la vie et l’épuisement progressif de son héros (dimension qui ne peut apparaître aussi profondément dans la belle version cinématographique de Visconti).

               La fin du roman est en effet axée sur les pensées du prince Salina et l’écrivain sicilien écrit là quelques unes des plus belles pages autour de ce thème qui a inspiré bien d’autres auteurs. Ainsi ce rapprochement particulièrement bien senti entre la vie humaine et un « réservoir » qui finit par s’épuiser...

               Le passage développe subtilement cette métaphore du réservoir qui assimile ce qu’il y a d’impalpable dans la vie (les idées, les émotions, les sentiments). L’approche est de type matérialiste (et rappelerait en cela la philosophie de Diderot) : la vie s’échappe du corps du vieil aristocrate en « vapeur au-dessus d’un étang »... Lampedusa écrit que la vie est comme une vapeur, une « nappe » qu’ont formée toutes les années d’un homme.

               Le personnage est mourant dans un hôtel de Palerme, avec vue sur mer, et cette réflexion acquiert une largeur supplémentaire dans ce contexte : la fin de vie d’un homme finit par s’élever tel un petit « résidu » face à l’immense océan.

              « C’était un lundi de la fin juillet, à midi, et la mer de Palerme, compacte, huileuse, inerte, s’étendait devant lui, invraisemblement immobile... » 

Je la connais cette « mer de Palerme », j’y ai vécu moi-même tant d’heures lumineuses que ce détail fait frissonner !

 

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Un avis de lectrice sur « La Route, la poussière et le sable »

Publié le par Eric Bertrand

Ca y est, j'ai fini " La Route"
j'ai bcp aimé comme d'habitude, J'ai bien reconnu ta plume, l'écriture soignée, précise, le vocabulaire riche, et des trouvailles audacieuses ( dont je te reparlerai)
Déjà , le récit: 2 jeunes voyageurs, auto-stoppeurs, qui plus est( As-tu remarqué qu'on en voit de
moins en moins sur nos routes?)
               Ces 2 jeunes ont des rêves plein la tête, des illusions aussi, du courage, et une certaine inconscience, un mépris ( ou une méconnaissance) du danger qui les rend fragiles et attachants; Leur aventure est d'abord, me semble-t-il, une aventure humaine;grâce à l'auto-stop, ils sont amenés à rencontrer des personnages pittoresques, certains amicaux, d'autres peu recommandables, d'autres encore très méfiants à l'endroit des 2 jeunes français;
Et puis leur mésaventure en milieu de récit qui gâche le voyage et perturbe leur rêve , mais leur ouvre finalement des portes et des coeurs de certains américains touchés par leur infortune ( c'est le cas de le dire!)
                 J'aurais bien aimé que tu décrives un peu plus les paysages croisés ( tu sais, mon besoin d'évasion!) Est-ce un choix? As-tu voulu privilègier l'aventure humaine?
Et , donc , les "trouvailles". L'emploi du " nous" " je" dans la 1ere partie, puis du "ils" puis de nouveau du " nous" , les changements de prénoms ( les très "cowboyissimes" John et Lucky")
Je me suis bien sûr demandé pourquoi ce chois et j'avoue , qu'au début, il m'a pertubée. J'aimais le "nous" , le "je" , plus de proximité, le "ils" éloignent...)
                 Et puis, j'ai compris ( enfin , je crois) que , ce que tu voulais , c'était accentuer le côté romanesque de l'histoire, comme si ca n'était plus la tienne, en faire une Bd , un " road moovie", un film d'aventures ( J'ai tout bon, professeur Eric?)
Finalement, cet effet de style audacieux est très réussi!
Bref, j'ai bcp aimé ton livre, j'ai hâte de commencer " l'organisme" mais je me doute que le registre sera très différent;

 

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