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livres

« Rouge Brésil » de Jean-Christophe Rufin : le point de départ

Publié le par Eric Bertrand

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               Nous sommes au milieu de l’année 1555. Comment pénétrer plus profondément la terre du Brésil et fonder une « nouvelle France » ? C’est la question posée par le chevalier de Villegagnon au début de cet ouvrage de Jean-Christophe Rufin. Il faudrait des interprètes auprès des sauvages comme celui dont Montaigne parle dans ses Essais : ce « cannibale » a été ramené d’Amérique, a servi d’attraction et, depuis qu’il s’est « installé » dans le « Nouveau Monde », il refuse de repartir là-bas dans son pays, quelle que soit la mission proposée.

               Alors il faudrait envoyer des enfants. Personne n’a, comme les enfants, le génie des langues. Ils serviront remarquablement bien la propagation de la mission occidentale. Les deux héros du roman sont donc des enfants orphelins que le lecteur va suivre, deux enfants de 11 et 13 ans intimement unis, Just et Colombe...

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"Fort comme la mort" : Maupassant

Publié le par Eric Bertrand

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Comme le titre l’indique la mort n’est-elle pas l’héroïne éponyme de ce roman encore une fois très sombre de Maupassant ? Le peintre Olivier Bertin est pourtant une force de la nature, doué à la fois d’un tempérament artiste, d’une puissance de sensation et d’un pouvoir de séduction irrésistible. Mais il arrive à une période critique...

                 Le début de sa relation avec l’un de ses modèles, la comtesse de Guilleroy, est relatée avec précision. A l’origine, la jeune femme est belle, vertueuse, passionnée et finit par lui accorder ses faveurs à un âge où il sent qu’il n’a déjà plus la force de changer de maîtresse aussi rapidement. Et puis Mme de Guilleroy n’est pas une lorette, son âme est délicate et il ressent pour elle une infinie tendresse. Cette Any a une petite fille âgée de 5-6 ans qui l’accompagne quelquefois...

                  Les années passant, Olivier Bertin se sent de plus en plus attiré par cette fille de la comtesse : Annette… Douze ans plus tard, la jeune fille le trouble même profondément dans la mesure où sa ressemblance lui rappelle à tous les niveaux la mère. Même voix, même taille, même démarche. « Bertin sentit en lui s’éveiller des souvenirs, ces souvenirs disparus, noyés dans l’oubli et qui soudain reviennent, on ne sait pourquoi. Ils surgissaient rapides, de toutes sortes, si nombreux en même temps qu’il éprouvait la sensation d’une main remuant la vase de sa mémoire. » 

                   La métaphore « la vase de la mémoire » renvoie bien à cette idée de petite mort que soulèvent toutes les occasions de réminiscences que sollicitent dans le souvenir de l’ancien séducteur les diverses sensations (p84).

                   La phase de rivalité gentille entre la mère et la fille ne dure pas bien longtemps car un événement vient précipiter les choses : la mort de la mère de Mme de Guilleroy. Chagrin, épreuve, fatigue, elle n’est plus la même en quelques semaines alors qu’Annette a gagné en maturité et dignité. Le peintre reconnaît en elle le portrait qu’il a réalisé 15 ans plus tôt... C’est alors un peu l’histoire du portrait de Dorian Gray qui se joue cruellement entre la mère et la fille et, impitoyablement à ce moment du livre, la descente infernale vers le destin impitoyable auquel Maupassant mène immanquablement ses personnages.  

 

 

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« Vipère au poing » d’Hervé Bazin

Publié le par Eric Bertrand

             Ce livre constitue une belle autobiographie qui explique par quels détours l’auteur s’est construit contre sa mère et a su dépasser sa haine pour cette « Folle Cochonne » contre laquelle il n’a de cesse de vouloir se dresser du temps de son adolescence.

             Tout commence à la mort de la grand-mère qui élevait les trois « petits anges » en toute sérénité et leur inculquait des valeurs de paix et de charité. Mais au moment du retour des parents d’Indochine, tout va changer. « Grand-mère mourut. Ma mère parut. Et ce récit devient drame ». La mère impose aussitôt à l’ensemble de la communauté des Réseau un règlement drastique qui n’admet aucun répit. (Voir p45-46) Heureusement pour les frères, il y a autour d’eux des individus plus tendres ou compréhensifs : le père, dominé par sa femme, la gouvernante, le curé qui leur sert aussi de précepteur.Et nous voici réunis, tous les cinq, réunis afin de jouer le premier épisode de ce film à prétentions tragiques, qui pourrait s’intituler : « Atrides en gilet de flanelle »

              Alors, progressivement, Folcoche élargit son règne en écartant ces « opposants ». La vie en famille est le théâtre de la confrontation permanente : sans relâche, la mère aiguise son autorité et, sans désemparer, les enfants tentent de la contrer. « Jouer avec le feu, manier délicatement la vipère, n’était-ce point depuis longtemps ma joie favorite ? Folcoche m’était devenue indispensable comme la rente du mutilé qui vit de sa blessure. » C’est l’escalade dans la gravité des incidents, jusqu’au moment où le narrateur est obligé de fuguer pour éviter la maison de redressement. Recueilli par ses grands-parents paternels, il commence à comprendre pourquoi sa mère a agi ainsi. C’est le début de sa « reconstruction » et de cet hommage indirect qu’il est en mesure de lui rendre à la fin de l’ouvrage quand il reconnaît le « legs » (p235) : « Cette vipère, je la brandis, je la secoue, je m’avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi.Merci, ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing ».

 

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Un article dans le Nieul Magazine

Publié le par Eric Bertrand

 

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                 Au détour de cette série consacrée à une auteure nieulaise, je mets en ligne aujourd’hui cet article paru dans le petit magazine trimestriel paru ce mois de juin dans notre commune qui a décidé de consacrer une chronique régulière aux écrivains du lieu.

                 C’est une initiative qui va bien dans le sens de la politique culturelle de la commune dans le sens où elle s’efforce d’encourager les habitants à aller au devant des artistes et d’échanger très spontanément et simplement autour de ces derniers.

 

Eric Bertrand est nieulais, voyageur

invétéré mais aussi écrivain à la

plume sensible dans les domaines

qui l’animent, et ce que l’on pourrait

communément appelé un « touche-àtout

littéraire ».

Né à Metz d’un père rétais, Eric

Bertrand, à l’origine enseignant,

a répondu à l’appel de l’océan

atlantique voici 5 ans, en posant son

écritoire et ses valises à Nieul.

L’auteur a débuté par des études

de lettres à Lyon avant de

devenir spécialiste dans les écrits

romanesques de Victor Hugo. Il

a assouvi ensuite sa passion de

communiquer au travers de l’écriture

et des 14 ouvrages qu’il a rédigés à

ce jour.

Sa dernière oeuvre intitulée

« l’organisme » nous entraîne dans le

dédale incommensurable du mal de

vivre d’un adolescent fragile, fuyant

la réalité et ses contrariétés en se créant un monde fantastique. L’ado fragile se

métamorphose en insecte et rencontre un autre insecte mutant : un prof.

Présent à la bibliothèque lors de la rencontre des auteurs Nieulais face à leurs

lecteurs, il a su captiver son auditoire en donnant lecture de pages extraites de

ce livre. Chacun a pu découvrir et apprécié le talent de cet auteur mêlant à la

fois humour, absurde et détresse au milieu de toute une palette de sentiments et

d’impression.

Il ne restait plus qu’à l’imagination de faire le reste.

Pour mieux connaître cet écrivain aux multiples facettes, nous vous invitons à

visiter son site mais également son blog, aussi intéressants et généreux que

l’est l’homme lui même. De l’analyse de film, à l’écriture de chansons, de pièces

de théâtre aux maximes et citations, son regard curieux se pose toujours avec

sensibilité et gourmandise sur son environnement, prétexte à nous livrer ses

ressentis.

Erik.bertrand@orange.fr

Blog : http://genese.over-blog.com

Sites : http://www.ericbertrand.fr et http://www.atelier-expression-artistique.com

 

 

 

 

 

 

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« La Passion d’Anna Blaine » de Pernelle Sévy (3/3)

Publié le par Eric Bertrand

 

 

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                  Avec la sensibilité écorchée vive de son personnage et la précision de l’écrivain qui s’est documenté et qui connaît bien son sujet, Pernelle Sévy nous amène dans ces rues familières de Royan jusqu’au moment de la guerre. Insouciante avec son frère, résistante à sa façon, Anna Blaine continue d’arpenter un périmètre qui lui est cher. Elle a déjà beaucoup lu, et beaucoup réfléchi sur la peinture. En compagnie d’Emmanuel, elle s’est exaltée devant des œuvres contemporaines et notamment le tableau de Guernica dont elle a perçu la tragique beauté... Lorsqu’il peint Guernica en 1937, la force de Picasso est d’avoir laissé planer une ombre au-delà du tableau. La mécanique du massacre, le « pignon sur rue » de l’atrocité et la roue libre de la violence absurde tournent désormais dans le vide du siècle...  

                 La ville de Royan n’échappe pas à cette logique infernale et dévastatrice... Avant la Libération, la ville est victime d’une « bavure » : la perspicacité d’Anna finira par révéler cet aspect inconnu du « bombardement de Royan ». Mais il y a aussi, derrière cet épisode tragique, une dimension relationnelle épouvantable... Poussée par la rage de la passion, le personnage d’Anna Blaine s’inscrit dans la lignée des « Diaboliques » que décrit Barbey d’Aurevilly. Anna porte en elle la croix d’une faute dont, quoi qu’elle fasse, elle ne parviendra jamais à se libérer...

 

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