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livres

Salinger sur la route (1/2)

Publié le par Eric Bertrand

                Les journaux et les médias ont évoqué hier la disparition du discret écrivain américain Salinger... Ecrivain d’un livre scandale, « L’Attrape-cœur » aux accents révoltés d’un ado en crise parcourant désespérément les rues de New-York.

               Salinger est une figure particulière pour moi. Je l’ai croisé « sur la route » à l’occasion de l’écriture de mon premier travail collectif dans le cadre de l’évocation de Kérouac. C’était la première pièce de l’Atelier d’Expression Artistique « Jack, on the Route again » (en 2000) et l’on voyait dans les premières scènes un gamin un peu paumé, un certain Jack, arpenter les rues de New York après avoir tourné le dos à sa professeur, « Old Mrs Spencer », et s’efforcer de faire des claquettes...

               Emprunt à Salinger pour lancer l’atelier claquettes de Jenny ! Je citerai demain l’un des extraits joué sur la scène.

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Le promeneur solitaire à la recherche du temps perdu...

Publié le par Eric Bertrand

                         Je relis en ce moment « les Rêveries du promeneur solitaire » de Rousseau qui fait partie de ces auteurs dont la pensée m’est un peu plus familière...

                         Rentrons dans le vif du sujet ! « La source du vrai bonheur est en nous » : par cette phrase qui marque la seconde promenade, Jean-Jacques souligne à quel point il lui faut puiser en soi pour y retrouver la plénitude. Désespéré par la société humaine, l’auteur est en crise et ne trouve, comme unique convalescence, que la perspective tranquille d’aller chercher dans ses bons souvenirs la source de l’harmonie.

                         N’est-ce pas là, à quelque chose près, le projet de Proust qui, non contraint par les hommes mais par sa santé, se tourne vers ce tropisme si particulier d’une mémoire en fleur, une mémoire riche de pétales odoriférants...


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Haïti et Globalia

Publié le par Eric Bertrand

              Les médias rapportent régulièrement l’horreur survenue à Haïti il y a maintenant plus de deux semaines. Les images, les commentaires, les témoignages installent le témoin dans l’effroi quotidien. Et de tous les coins de la planète, chacun observe le cataclysme de sa terrasse. Comme le dit à quelque chose près un personnage de Giraudoux, « le privilège des grands ( ?) c’est de voir l’horreur d’une terrasse ».

              Face à ce déferlement de violence inexplicable, quasi métaphysique, on se pose la question : pourquoi le désastre ? Pourquoi l’extermination d’une population ?... Pourquoi le tremblement de terre se demandait Voltaire en son temps ?... Gardons en nous cette interrogation et aussi cette compassion pour ceux qui ont entrebaillé la porte de l’enfer.

              J’entendais sur une chaine d’informations qu’un vaisseau de plaisance américain avec à son bord une population de milliardiares américains avait jeté l’ancre au large des terres de Haïti. Piscine, petits fours, musique, air climatisé, longues-vue... Et pendant ce temps là, les autres qui continuent de se battre contre les forces de la nature.

               Cela rappelle un peu ces romans de « science fiction » que sont « le Meilleur des mondes » (1935) et plus près de nous Globalia (2004). Ils mettent en scène une population de « privilégiés » vivant dans leur bulle (avec les limites que cela comporte...) et une autre population de « sauvages » livrés à la pauvreté, à la misére et aux assauts de la nature. Qu’on relise Huxley ou Rufin.

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Mai 68 et les tigres en papier de l’Education Sentimentale

Publié le par Eric Bertrand

             On se souvient peut-être de l’un de ces grands classiques de Flaubert qui, mieux que Madame Bovary, interroge l’Histoire et la part jouée par les jeunes romantiques dans les soubresauts révolutionnaires.

              Le héros de l’Education sentimentale est ironiquement un « anti-héros », un de ces chevaliers blancs qu’on dirait tout droit sorti des pages des livres du couvent que la jeune Emma enfourchait avec avidité dans son jeune temps. Il s’appelle Frédéric, il prend des pauses et passe sa vie à rêver sa vie, à rêver la passion.

              Dans « Répliques », l’émission d’Alain Finkelkraut que j’écoute volontiers le samedi matin, je l’entendais faire un intéressant rapprochement entre les analyses fournies par Flaubert à propos de la révolution de 1848 et la réalité des événements de mai 1968. Le roman fournit notamment le tableau d’une jeunesse souvent en représentation, ivre de l’occasion donnée d’enfiler le costume de héros pour défiler dans le Présent.

              C’est aussi de cette façon qu’Olivier Rolin dans son livre, souvent cité dans ce blog, évoque ceux qu’il appelle « les tigres en papier », ceux qui ne sont pas à l’échelle de leurs modèles... Mais Tigre en papier va même plus loin car il constitue l’autobiographie à peine remaniée d’un ex-leader révolutionnaire qui joue dans l’auto-dérision.

Aspirés par cette spirale du mensonge, ils se demandaient de temps en temps si c’était bien ça, la Révolution pour laquelle ils avaient plaqué familles et études, la Révolution dont ils avaient cru qu’elle manifestait la vérité du monde, qu’elle était le Grand Révélateur.

Tigre en papier, chapitre 2

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Avatar sans la 3D !

Publié le par Eric Bertrand

                   Mon enthousiasme à propos du film « Avatar » auquel j’ai consacré une série d’articles m’a amené à relire la nouvelle fantastique de Gautier qui porte le même nom. Dans ce récit, l’auteur s’intéresse à un personnage de docteur un peu faustien qui a séjourné en indes et qui a acquis un pouvoir particulier sur les corps de ses patients. L’un d’eux, désespéré suite à un échec auprès d’une femme dont il est éperdument amoureux, lui demande de trouver une solution pour le guérir. La Dulcinée n’a d’yeux en effet que pour son époux.

                   C’est là que l’avatar se met en place... Le docteur lui propose une « place » dans le corps de l’heureux mari, lequel, en attendant « séjournera » dans la peau d’Octave. L’expérience réussit, chacun va sous son « avatar » mais le problème, c’est qu’aucun des deux ne connait la vie et l’intimité de celui qu’il habite ! Et dans ce gouffre du moi, on risque de se perdre soi-même au point de préférer la désertion à l’imposture !

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