Catagne est,
comme les autres ports de Sicile, une ville rayonnante de vitalité et de couleurs sous le grand applomb du soleil. Elle sert de toile de fond au début
du roman. Salvatore Piracci, le personnage principal, déambule dans les rues emplies de cette rumeur du matin que les Italiens appellent joliment « il rumore ». Il occupe (au début du
roman...) un poste à responsabilité et est chargé de lutter contre l’immigration clandestine. Comme dit le texte, il est « le mauvais œil qui
traque les désespérés ».
Ce matin-là, il est suivi par une jeune
réfugiée libanaise qui le connaît et qui lui réclame une arme. Elle veut se venger de l’homme responsable de la tragédie du Vittoria... Quand elle a quitté Beyrouth, en compagnie d’autres
demandeurs d’asile qui ont aussi payé cher la « traversée », le dirigeant libanais Hussein Marouk les a trompés. A bord d’un rafiot, ils
ont été abandonnés en pleine mer, et un tiers d’entre eux sont morts avant que le cargot ne soit localisé par les services de Salvatore...
A la rentrée
prochaine, j’amène mes élèves de troisièmes assister à un spectacle de théâtre appelé « Hôtel Problemski » deDimitri Verhulst. La pièce est fondée sur
l’adaptation d’un récit qui évoque, de l’intérieur, le sort de réfugiés. Dans ce cadre, j’ai décidé de rattacher une partie du programme à cette question sociale qui engendre des interrogations
et des raisonnements. Dans ma préparation, elle croisera les notions d’occupation du territoire et de choc des civilisations...
Les voies de l’Enseignement sont impénétrables ! Pas tant que cela ! Le
professeur navigue entre les instructions officielles, les programmes, ses goûts personnels et les « événements pédagogiques périphériques »... L’occasion « sur ce coup là »
de revisiter Diderot (et les déboires des habitants d’Océanie) et d’aborder le sort des Indiens d’Amérique afin de déboucher enfin sur la lecture
d’une ou de deux « Chroniques martiennes » de Bradbury.
Bien que la cause des réfugiés soit d’une douloureuse actualité, je doute que la majorité des élèves y soient sensibilisés (il y a eu au cinéma en novembre dernier le très beau film
« Welcome » auquel j’ai consacré un article). Ainsi, pour les sensibiliser davantage, je viens de lire le beau roman de Laurent Gaudé :
« Eldorado ». On en reparle demain et après-demain...
Coup de fil à l’éditeur cette semaine. Le livre est
prêt pour envoi à l’imprimeur. Dans la politique d’Aléas, les parutions doivent être programmées de façon raisonnée. Les derniers aménagements ont été ajoutés (le lecteur se souvient peut-être de mes hésitations concernant la théorie de l’enseignement...)
L’éditeur a finalement jugé utile de publier les suggestions que je lui avais envoyées.
Que ceux qui ont souscrit patientent encore un
peu !
Je lis régulièrement une nouvelle de Jack London. Les nouvelles ne manquent pas dans son œuvre. J’aime cet auteur. L’énergie est à chaque coin de page, quand on sait à quel point
« Martin Eden » s’est battu pour imposer ses histoires et son style.
Dans le recueil « Quand
Dieu ricane », Johnny est un personnage sorti tout droit du film de Charlie Chaplin « les Temps Modernes ». Il est né dans une usine de filatures et son corps s’est plié à la
tâche au point de n’être plus qu’une mécanique magistralement réglée pour produire, pour travailler plus pour gagner plus...
Jusqu’au jour où la mécanique
s’enraye. Johnny a seize ans. Il veut faire autre chose de sa vie. La dernière image de la nouvelle le montre en train de sauter dans un train de marchandises. On the road, hobo !
Voici comme promis un passage de début de Jack
emprunté à Salinger, juste avant la plongée dans Kérouac... L’occasion pour le comédien de s’essayer sur scène et de valoriser les premières leçons de
claquettes dispensées par Jenny...
« Je suis le fils de ce salaud de gouverneur. Il ne veut pas que je sois danseur. Il veut
m’envoyer à Oxford. But it’s in my goddam blood, tap dancing ! It’s the opening night of the Ziegfeld... Je commençai à expliquer ma théorie des
claquettes à Dean.
J’avais besoin de lui montrer moi aussi je progressais dans le sens de l’expression
corporelle ou quelque chose de ce genre. Je me mis à faire des claquettes, comme ça l’air de rien. Je ne
m’y connais pas vraiment en claquettes, mais il y avait du carrelage dans les chiottes et ça rendait bien. Je me mis à imiter un de ces types dans les
films. Dans un de ces fameux films musicaux (...) »
Littérature, écriture et voyage. Comment la lecture et le voyage nourrissent-ils la pensée et suscitent-ils, en même temps que le plaisir, la curiosité, l'écriture ?
Lien vers l'ensemble de mes livres :
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