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livres

"Un bon bifteck" pour un Rocky en bout de course

Publié le par Eric Bertrand

                   Ce n’est pas une surprise pour qui connaît un peu l’œuvre de Jack London, le muscle et le poing ponctuent les récits et leur donnent sa « respiration »… Dans le cadre d’une réflexion sur la boxe que je prépare pour l’année scolaire, je relisais la palpitante nouvelle intitulée « un bon bifteck » extraite du recueil « Dieu ricane ».

                   Elle raconte le dernier combat de Tom King, vieux boxeur affamé et contraint de relever le défi d’un combat contre un jeune, Sandel, étoile montante de la boxe. Avec une grande maîtrise, l’écrivain raconte en détails le combat qui se déroule sur une durée de onze rounds. Il renseigne le lecteur sur les coups portés, sur l’ambiance autour du ring et sur l’évolution du combat. Bien évidemment, le jeune lion porte des coups redoublés à son adversaire et ce dernier encaisse sans pratiquement réagir dans les quinze premières minutes.

                   A la vérité, il laisse « passer l’orage » et compte sur son expérience et sur son sens de l’économie pour « durer » et rapporter la mise : une somme qui lui permettra d’acheter son bifteck (car depuis qu'il ne boxe plus, il crève de faim...) Au-delà du tourbillon du combat qui finit par osciller au fur et à mesure que les minutes passent et que l’équilibre entre les forces semble revenir, Jack London offre au lecteur une véritable méditation sur les forces de vie et les forces de mort. Il oppose de façon très allégorique le corps de la Jeunesse au corps de la Vieillesse et il évalue ce qui permet à l’homme de ne pas s’avouer vaincu et de résister au temps qui passe. Le véritable adversaire de Tom c’est le Temps et le bifteck en arrière-fond fournit l’image insaisissable, évanescente d’une nourriture de Jouvence !

 

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« L’Organisme » : avis de lecteurs (6)

Publié le par Eric Bertrand

                J'ai lu avec curiosité, très grand intérêt et plaisir "l'Organisme". Décidément, j'aime beaucoup ta plume et ton style percutant, incisif et, pour ce livre, assez violent. Tu sais trouver les mots qui font "mouche" (le jeu de mots entomologique est involontaire). On se roule dans la fange des mutations organiques, des bas instincts et des mauvais sentiments (l'ambiance générale m'a rappelé celle d'un roman que j'ai lu il y a très longtemps : "Le Roi des Aulnes" de Michel Tournier).

                  Mais on sent chez les deux personnages cette aspiration à la lumière et à la pureté qui leur rend leur part d'humanité. Pour l'adolescent, j'ai trouvé vraiment bien décrite l'ambivalence de cette période de la vie, tiraillement entre les mutations tout à la fois corporelles et psychiques, l'envie d'être comme les autres, d'agir en fonction d'eux quitte à adopter leurs bassesses jusqu'à la vengeance, et le désir malgré tout de "se trouver" et de s'aimer soi-même dans une recherche du beau, du pur, du noble. Son explosion finale me fait penser à celle que recherche le personnage de Langlois à la fin du roman de Giono "Un roi sans divertissement" : "C'était la tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l'univers". Le sang de Killian se mêle à l'encre. Sa pureté, il la recherche dans la magie de l'écriture et l'émotion des mots. Petite question : tes enfants, qui sont eux-mêmes adolescents ou préadolescents, ont-ils lu "L'Organisme" ? Qu'en ont-ils pensé ? 

                Ton analyse finale, à la suite du roman, est vraiment très intéressante et fine, et doit résonner de façon toute particulière chez les lecteurs enseignants. "L'Organisme" est un roman que je relirai avec plaisir, avec l'envie d'en saisir toute la profondeur.

 

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« L’Organisme » : avis de lecteurs (5)

Publié le par Eric Bertrand

 

                 Voilà, ton roman se referme. J'ai beaucoup aimé, un peu déroutant au début, mais tu as ton style, le roman se dévore et la curiosité l'emportant sur l'emploi du temps.
J'ai particulièrement apprécié le passage avec l'inspection (quel vécu!! et autant de questions à se poser quant à l'éducation nationale !) Mon fils est prof dans un lycée technique et parfois je l'entendais, à travers certains passages, me raconter ses élèves !

                  Un autre passage ma fait tristement mourir de rire, celui des 17 plaies. Je te l'avais déjà expliqué peut être... Je travaille dans l'animation, je suis directrice d'un centre de loisirs élémentaire. A ce titre, j'encadre des enfants mais également à certains moments de jeunes adultes (18 ans) et je t'assure que, dans les deux cas, si j'avais un dixième de ton aisance et talent je pourrais écrire un livre aussi. Les réflexions, les odeurs.... elles ne sont encore que les prémices de ce qui attend les profs en secondaire... sauf que là, les parents sont quand même trés responsables de l'apprentissage de l'hygiène et du savoir vivre de leur "choupinou".

 

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Article du mois : Novlangue au collège

Publié le par Eric Bertrand

                      Langue SMS, orthographe saccagée, vocabulaire anémique, mots exsangues, les copies que je ramasse sont avalées par la marge... Et c’est sans citer les dérives de l’oral, la multiplication des mots passe-partout qui servent une politique du moindre effort : des exemples ? Le mot « genre » qui remplace tout autre adjectif, ou la formule conclusive « voilà » à la place de tout raisonnement construit, ou encore le cache-misères « en fait », (très populaire au moment de l’oral du bac !), cheville pour enfoncer un clou mou !

                      Consterné par le niveau de connaissances de mes élèves de collège et par la pauvreté de leur lexique, harcelé par leurs sous-entendus ou agressions directes : « vous parlez une autre langue que la nôtre », « vous parlez trop », « vous faites des phrases ! »... je m’interroge sur le discours oral et adopte un peu la position du linguiste qui observe un phénomène, et ce phénomène est l’appauvrissement de la langue.

                        J’explique à mes élèves que je ne suis pas là pour employer un français de cour de récréation, que mon rôle et mon combat, c’est de parler « la langue de Molière » et que si je ne le fais pas, je ne vois plus l’intérêt d’enseigner. Cette langue porte la belle pensée des grands textes, elle facilite l’accès à la Littérature à laquelle tôt ou tard ils auront à se colleter... Elle cherche surtout à traduire dans toute sa subtilité la variété de la Pensée.

                        Dans cette optique, je viens de relire le petit appendice que George Orwell ajoute à son célèbre roman d’anticipation « 1984 » : le novlangue... L’auteur explique comment cette nouvelle langue qui s’impose dans un avenir proche est un moyen supplémentaire que choisit un état totalitaire pour imposer une pensée unique, propice au musellement des libres penseurs. Pensée « désydratée » telle que je l’avais présentée dans « Loft History 2084 »...

                            Le fait que le choix des mots fût très restreint y aidait aussi. Comparé au nôtre, le vocabulaire novlangue était minuscule. On imaginait constamment de nouveaux moyens de le réduire. Il différait en vérité de presque tous les autres en ceci qu’il s’apppauvrissait chaque année au lieu de s’enrichir...

 

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« L’Organisme » : avis de lecteurs (4)

Publié le par Eric Bertrand

                 - Ce roman se lit facilement, quasiment d'une seule traite (quand on a le temps) et c'est pour moi le premier critère de qualité.

                 - L'écriture est très contemporaine (écrit à la première personne/ "je" du narrateur-personnage et point de vue interne (qui montre aussi que l'auteur est impliqué dans le sujet), présent de narration qui permet un rapprochement du lecteur avec le narrateur-personnage.

                  - Beaucoup de références à la littérature, à la mythologie et à la Bible avec les "plaies".

                 - C'est une excellente description du milieu des professeurs (l'inspecteur est un peu carricaturé.) : les surnoms des profs, les interrogations de chacun sur son métier, le comportement des élèves de collège...

                 - C'est aussi une excellente description des élèves de collège, du malaise des ados mais aussi de leur malaise dû au monde dans lequel eux-mêmes sont jetés.

                 - Page 13 et âge 90, il y a 2 jeux de miroirs : entre l'adolescent-insecte et ensuite entre le maître et son disciple. (Entre le livre et son auteur ? Entre le collège et la société ?)

               - L'idée de reprendre le thème de la métamorphose est bonne pour décrire le bouillonnement des adolescents, la transformation du corps... Mais le mot "organisme" me fait penser aussi à l'organisation humaine (collège, société...) et aussi au fascisme qui brise les corps, les individus... Le collège est une sorte d'arène dans laquelle on jette des adolescents en rupture et des profs en rupture aussi...

                - La fin est belle car le maître transmet un savoir à son disciple et l'idée de se suicider dans le stylo-encre de sa belle est géniale.

                - Cela dit, comme le dit Evelyne, ce livre ne donne pas envie d'être prof. On est loin du Cercle des poètes disparus.

 

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