Dans le cadre de la préparation d’un cours de 3° sur ce roman de Philippe Grimbert (déjà étudié en première il y a
quelques années) je reviens sur des analyses que je dois adapter à des élèves moins matures.
Ce livre est largement
autobiographique : (l’auteur et le narrateur sont identifiés dès les premières pages comme Grimbert (alias Grinberg) patronyme juif que les parents ont voulu effacer :
« Un « m » pour un « n », un « t » pour un « g », deux infimes modifications. Mais « aime » avait recouvert « haine »,
dépossédé du « j’ai » j’obéissais désormais à l’impératif du « tais ».) Un Secret est pourtant présenté comme un
roman, on va voir pourquoi.
L’auteur commence en effet par
raconter la fable de son enfance telle qu’il l’a vécue en toute innocence... Il partage avec le lecteur cette histoire imaginée à partir du mensonge des adultes de son entourage.
Jusqu’à 15 ans, le narrateur croit qu’il est l’enfant unique de Maxime et de Tania et que ce couple d’athlètes a vécu une idylle pendant la période de l’Occupation. Ils sont en
zone libre, à l’écart des tourments de l’Histoire, ils s’aiment, ils s’unissent tendrement et donnent naissance à l’enfant chéri...
Mais la réalité est bien différente et le
narrateur, qui perçoit sans comprendre le secret qu’on lui cache (notamment depuis le jour où il a découvert une peluche de petit chien dans le grenier) parvient à obtenir de Louise, la vieille
amie de ses parents, la révélation attendue. Et alors, tout le récit bascule pour le lecteur et le narrateur. A travers la mémoire de Louise, l’auteur réécrit l’histoire et
ajoute une autre version de la romance...
Ses parents étaient à l’origine beau-frère et
belle-sœur, irrésistiblement attirés l’un vers l’autre. Maxime était marié à Hannah et Tania à Robert, frère d’Hannah. Hannah et Maxime ont eu un fils,
Simon, vigoureux petit garçon voué à un destin de sportif de haut niveau, comme son père. Trois nouveaux personnages viennent donc compliquer l’écheveau. Aucun d’eux, pour des
raisons différentes, ne survit à la tourmente nazie.
Réfugiés en zone libre, bouleversés par
le geste désespéré d’Hannah, Maxime et Tania unissent leurs deux solitudes. De cette union naît l’auteur. C’est grâce au récit de Louise que le narrateur recompose son récit et parvient, à
la manière du psychanalyste, à libérer l’adolescent et son père de l’insurmontable secret.