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livres

Le complexe d’idéfix : hommage aux arbres et « l’Homme qui plantait des arbres » (2/3)

Publié le par Eric Bertrand

            A propos d’arbre et de chlorophylle, il existe un petit récit de Jean Giono qui m’est resté dans la mémoire. Tellement simple et tellement imagé qu’il vaut tous les apologues sur la vie et l’importance qu’il y a de préserver la nature... Je l’avais lu après la découverte émerveillée de l’univers animiste de « Regain » : il s’agit de « l’Homme qui plantait des arbres ».

            Cet ouvrage illustré raconte comment la force et la conviction d’un seul homme ont suffi pour redonner de la vie à un désert. Si vous en avez le temps, écoutez la très belle voix de Philippe Noiret qui dit le texte sur des illustrations originales...

 

 

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Le complexe d’idéfix : hommage aux arbres et « la fugue du Petit Poucet » (1/3)

Publié le par Eric Bertrand

           Puisque j’ai parlé ces derniers jours des arbres, je ne résiste pas à faire le détour dans les trois jours à venir, par trois textes qui m’ont marqué à propos d’arbres... Le premier est un extrait d’une nouvelle de Michel Tournier, « la Fugue du Petit Poucet »... Je cite ci-dessous un extrait de ce récit qui revisite à la façon hippie le célèbre conte de Perrault...

 

            « L’arbre est un être vivant, mais d’une vie toute différente de celle de l’animal. Quand nous respitrons, nos muscles gonflent notre poitrine qui s’emplit d’air. Puis nous expirons. Aspirer, expirer, c’est une décision que nous prenons tout seuls, solitairement, arbitrairement ; sans nous occuper du temps qu’il fait, du vent qui souffle ni du soleil ni de rien. Nous vivons coupés du reste du monde. Au contraire, regardez l’arbre. Ses poumons, ce sont ses feuilles. Elles ne changent d’air que si l’air veut bien se déplacer. La respiration de l’arbre, c’est le vent (...) Il n’est qu’un immense réseau de feuilles tendu dans l’attente du vent et du soleil. L’arbre est un piège à vent, un piège à soleil... »

 

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« Un secret » autobiographie, psychanalyse ou roman ?

Publié le par Eric Bertrand

Dans le cadre de la préparation d’un cours de 3° sur ce roman de Philippe Grimbert (déjà étudié en première il y a quelques années) je reviens sur des analyses que je dois adapter à des élèves moins matures.

             Ce livre est largement autobiographique : (l’auteur et le narrateur sont identifiés dès les premières pages comme Grimbert (alias Grinberg) patronyme juif que les parents ont voulu effacer : « Un « m » pour un « n », un « t » pour un « g », deux infimes modifications. Mais « aime » avait recouvert « haine », dépossédé du « j’ai » j’obéissais désormais à l’impératif du « tais ».) Un Secret est pourtant présenté comme un roman, on va voir pourquoi.

             L’auteur commence en effet par raconter la fable de son enfance telle qu’il l’a vécue en toute innocence... Il partage avec le lecteur cette histoire imaginée à partir du mensonge des adultes de son entourage. Jusqu’à 15 ans, le narrateur croit qu’il est l’enfant unique de Maxime et de Tania et que ce couple d’athlètes a vécu une idylle pendant la période de l’Occupation. Ils sont en zone libre, à l’écart des tourments de l’Histoire, ils s’aiment, ils s’unissent tendrement et donnent naissance à l’enfant chéri...

              Mais la réalité est bien différente et le narrateur, qui perçoit sans comprendre le secret qu’on lui cache (notamment depuis le jour où il a découvert une peluche de petit chien dans le grenier) parvient à obtenir de Louise, la vieille amie de ses parents, la révélation attendue. Et alors, tout le récit bascule pour le lecteur et le narrateur. A travers la mémoire de Louise, l’auteur réécrit l’histoire et ajoute une autre version de la romance...

             Ses parents étaient à l’origine beau-frère et belle-sœur, irrésistiblement attirés l’un vers l’autre. Maxime était marié à Hannah et Tania à Robert, frère d’Hannah. Hannah et Maxime ont eu un fils, Simon, vigoureux petit garçon voué à un destin de sportif de haut niveau, comme son père. Trois nouveaux personnages viennent donc compliquer l’écheveau. Aucun d’eux, pour des raisons différentes, ne survit à la tourmente nazie.

              Réfugiés en zone libre, bouleversés par le geste désespéré d’Hannah, Maxime et Tania unissent leurs deux solitudes. De cette union naît l’auteur. C’est grâce au récit de Louise que le narrateur recompose son récit et parvient, à la manière du psychanalyste, à libérer l’adolescent et son père de l’insurmontable secret.

 

 

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« Jeunesse » de Conrad (2/2)

Publié le par Eric Bertrand

                  En illustration à l’article d’hier, cette méditation qui clôt le récit « Jeunesse » de Conrad et souligne sa vocation d’apologue. Fermons donc les yeux et invoquons, du fond de nos souvenirs, quelques heures d’embarcation à bord de cette « jeunesse » dans laquelle nous avons tous « tiré des bords » !

 

                  « Ah ! Le bon vieux temps. La jeunesse et la mer. L’enchantement et la mer ! (...) Par toutes les merveilles du monde, c’est la mer, je crois, la mer elle-même –ou bien est-ce simplement la jeunesse ? Qui sait ? Mais vous, ici présents – vous avez tous tiré quelque chose de la vie : l’argent, l’amour – tout ce que l’on trouve à terre - et dites-moi n’était-ce pas là la meilleure époque, l’époque où nous étions jeunes marins, jeunes et ne possédant rien, sur cette mer qui ne fait pas de cadeaux... »

                  Et nous inclinâmes tous la tête pour acquiescer (...)  Nos yeux las cherchant encore, cherchant toujours, cherchant ardemment à extraire de la vie ce quelque chose qui, tandis qu’on l’attend encore, a déjà disparu – a passé sans qu’on le voie, en un soupir, en un éclair – en même temps que la jeunesse, que la force, que le romanesque des illusions. »

 

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« Jeunesse » de Conrad (1/2)

Publié le par Eric Bertrand

                 Beau titre pour ouvrir cette nouvelle qui pourrait être aussi fragment de la vie de l’alter aego de Conrad, le fameux Marlow... On retrouve en effet ce personnage de marin dans le roman « Au cœur des ténèbres ». Dans « Jeunesse », le vieux Marlow raconte à un groupe d’autres hommes vieillis comme lui, un épisode particulièrement symbolique de son existence... une sorte d’apologue sur la question : « qu’est-ce que la jeunesse ? »

                 Marlow se souvient de sa première mission en qualité d’officier à bord d’un vieux rafiot dont le capitaine voulait à tout prix amener « la carcasse » jusqu’à Bangkock au départ de Londres. A plusieurs reprises, la mission échoue, et pour des causes différentes. Le bateau prend l’eau, il faut écoper des jours et des nuits, revenir au port pour réparer, changer d’équipages. Puis l’insatiable carcasse repart, prend le large, prend feu, est finalement remorquée par un croiseur malais avant de sombrer à quelques lieues des côtes.

                 Et le narrateur se retrouve en charge d’un premier équipage à bord de l’une des trois chaloupes qui vont aborder enfin les côtes tant espérées de l’Orient. Le récit s’arrête là, et sur une confidence aux autres auditeurs et au lecteur... Demain la confidence et le texte de Conrad à méditer...

 

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