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La tension monte !

Publié le par Eric Bertrand

Avant de revenir sur la prestation que je ferai en kilt le jour du spectacle, je reprends le fil de la mise en scène qui prend cette semaine un nouveau tournant. D'abord, j'évoque  l'événement lié à la répétition d’aujourd’hui. Nous allons en effet cet après-midi répéter pour la dernière fois au Palais des Congrès pendant trois bonnes heures. Ce n’est pourtant que la deuxième répétition dans le ce lieu où nous allons jouer, le mardi 30 mai prochain. Mais, pour des raisons d'organisation, j'ai décidé d'annuler la troisième répétition initialement prévue le 5 avril au profit d'une répétition dans le cadre du Moulin à Sons. (Je rappelle qu'il s'agit de l'école de musique.)
              Il est en effet nécessaire, à cette période de l'année, et ceci en étroite collaboration avec Arlette (professeur de musique) et Alain (technicien), de songer à l'intervention des musiciens sur la scène. La seule date qui pouvait convenir pour avoir tout le monde, comédiens, claquettistes, musiciens était celle du 5 avril… Nous allons donc pouvoir expérimenter ce qu’en compagnie d’Arlette, un soir de février, (on s'en souvient), nous avons tracé à grandes lignes sur le papier.
              Un peu après la répétition, je dois retrouver Alain et Arlette afin de mettre au point ce qu'on pourrait appeler, sans chercher à être pompeux, la scénographie ! Je viens d'éditer un document de travail qui va nous servir de base ce soir. Il s'agit d'un récapitulatif des entrées et sorties des musiciens, des morceaux qu'ils jouent et des moments pendant lesquels ils interviennent. Je le remets en ligne demain (avec quelques modifications)… Il y en aura probablement d'autres car nous allons parallèlement travailler avec Alain afin de songer à toute la partie lumières, éclairages, ambiances, moments de noir, diapositives... Alain est déjà intervenu sur le Tennessee club et nous en gardons tous les deux un très bon souvenir car c'est un véritable dialogue que nous ouvrons quand nous réfléchissons sur la réalisation scénique d'un texte. À l'occasion du Tennessee club, tout près de la table de mixage, nous avions l'impression, au fil des répétitions, d'être transportés à Bagdad café, cadre dans lequel se déroulait la pièce… C'est un copain, passionné de musique, que j'ai plaisir à retrouver dans cette nouvelle aventure qui nous amènera du côté des contrées sauvages d'Écosse. Je reparle de cette journée cruciale sans doute après demain. Demain, ce sera le document de travail…
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Over the sea to Skye : ghostly castle. (Collection personnelle)

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Quelques aventures en kilt ...

Publié le par Eric Bertrand

On est bien dans un kilt. Un kilt, c’est confortable. Confortable pour danser, confortable pour marcher, confortable car c’est chaud et épais. On peut même bivouaquer dans l’étoffe d’un kilt… Au cours de cet hiver la, je l'ai évidemment porté, les personnes que je côtoyais trouvaient ça tout naturel, on me prenait simplement pour un Écossais en déplacement. Je l’ai porté dans » les trains, quand je rendais des visites aux gens que je connaissais aux quatre coins de l’Ecosse, dans les soirées entre amis, dans les « ceilidh ». Je voulais que mon kilt ne soit pas seulement un vêtement de cérémonie mais qu’il ait, un peu comme mon sac à dos, la patine du pays.
              Dès le printemps, lorsque les touristes ont commencé à arriver dans les Highlands, j’ai saisi des regards intrigués, parfois goguenards. J'ai par exemple, un jour de mai, décidé de gravir le classique « Ben Nevis » qui est le point culminant de l'Écosse. Beaucoup de gens font cette randonnée, du moins dans les premiers hectomètres car ils suivent d’abord une paisible rivière, dans un décor bucolique. Equipé de mon kilt et de mes solides chaussures de montagne, j’ai dépassé des dames à hauts talons et de gais messieurs en baskets, voire en espadrilles. Mais les choses se compliquent par la suite et il faut finir l’ascension dans le brouillard et lesrochers, et on passe par de forts pourcentages. Je trouvais le kilt très commode pour accomplir cette épreuve.
              Autre défi plus audacieux, celui de rentrer en France par le train en portant mon kilt : Le car entre Inverness et Londres, Londres dans le métro, passe encore… Mais Paris Gare du Nord, Paris dans le métro… Je devais rejoindre des amies dans la capitale, (elles aussi, ferventes des Highlands, je reviendrai prochainement sur ces différents compagnons côtoyés au cours de cette aventure en Ecosse…), passer un peu de temps avec elles et puis repartir enfin direction Lyon et la province où ce genre de tenue est encore plus insolite...
              Mais je me sentais parfaitement bien. Et surtout, j’amenais avec moi quelque chose d'essentiel, une sorte de seconde peau qui ne se détricoterait pas… Comme l’indique le beau paradoxe qu’énonce Paul Valéry : ce qu'il y a de plus profond en l'homme, c’est la peau.
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Visiting friends in Paris with my kilt

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Le choix du tartan

Publié le par Eric Bertrand

              Mon attachement à l’Ecosse a fait maille et a fini par faire tartan ! Bref, j’ai très vite eu envie d’endosser le vêtement distinctif (et le pull shetland que je m’étais acheté dans les Orcades en décembre ne suffisait plus !)
              Quand je suis revenu à Aberdeen, j’avais donc en tête de commander un kilt sur mesure. Un copain de Wick, celui qui m'avait parlé, on s'en souvient, du groupe Run Rig, m’a donné l'adresse d'une couturière spécialisée dans la confection de ce genre d’article. Elle habitait à Dingwall, petite ville au nord d'Inverness. J'ai donc frappé à sa porte et ensemble, nous avons pris les mensurations pour un kilt du clan Mac Leod.
              Pourquoi ce clan, au lieu du clan des Sinclair comme cela s'imposait, moi qu’on surnommait « Master of Caithness » ? Il faut dire que j'ai hésité et que deux raisons ont emporté la décision : d'abord une raison esthétique car, des deux tartans, je préférais celui des Mac Leod, ensuite une raison linguistique puisque le clan Mac Leod est attaché aux fiefs de l'Ouest de l'Écosse où l'on parle le Gaélique. Or, l'année où je donnais des cours à l'université d’Aberdeen, j'avais en tête d'apprendre cette langue afin de fréquenter « plus  dignement » les « ceilidh » auquel nous invitait notre professeur de gaélique, un dénommé Sheumas à qui j'ai fait déjà allusion lorsque je me suis expliqué sur le choix des noms dans la pièce.
              Commence alors la période en kilt, et les différents épisodes qui m'ont permis de le porter. J'y reviens demain, photos à l'appui.
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On the way to the isle of Skye where stay the Mac Leod ! (collection personnelle)

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Kilt : toute la "panoplie"

Publié le par Bertrand

              Après cet intervalle, revenons au kilt. Lorsque les sorcières s’en prennent à Max (cet échange n’est pas dépourvu de lubricité, du moins dans le jeu de scène et dans les éclats de voix de Suzy à qui j’ai suggéré de lancer sa phrase comme si elle invoquait un objet aphrodisiaque…), elles lui reprochent de manquer d’élégance parce que, justement, il n’a pas de kilt… 
 
« Lou : Va te laver les mains ! Va te laver les mains ! Et toi, quitte ton pantalon !
Diana : Va enfiler un kilt !
Suzy : Le kilt des Mac Leod !... Tartan jaune et noir… C’est la tenue de bataille !
Diana : Choisis d’abord le tartan vert et noir, c’est la tenue de soirée !
Lou : Mais ne reste pas en froc ! C’est indigne d’un tel soir ! »
 
              Aux yeux d’un Ecossais, le kilt est sans contestation le vêtement qui fait honneur. Les hommes le portent à l’occasion des mariages, des soirées chics, au cours des « fêtes » comme les « Highland games » (sortes de tournois tribaux entre villages) ou les fameux « ceilidh ». Mais j’ai aussi vu un petit monsieur faire ses courses au supermarché équipé de son kilt ! Le fait est qu’il est naturel d’en porter un et qu’il n’y a là rien de folklorique, ni d’efféminé… Bien au contraire. Le kilt est revendiqué comme signe de virilité. Beaucoup de jeunes attendent de leurs parents qu’ils leur offrent ce signe de reconnaissance dans une lignée. L’habit est fait sur mesure, pour qu’il tombe bien.
              L’extrait de la pièce que je viens de citer n’est pas seulement une plaisanterie de sorcières ! Même si elles le disent avec une pointe d’excitation sur la scène, elles rappellent que souvent, il existe, pour le même clan, deux types de tartan : l’un connoté « guerrier » et l’autre connoté « convivialité ». Le kilt de bataille des Mac Leod ressemble à la robe du frelon et n’est pas très gracieux, il faut le dire. En des temps de cordialité, j’avais bien sûr opté pour l’autre tartan… On y revient demain.  

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"That's my land ! " (Collection personnelle)

 

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Répétition du 22 mars (suite)

Publié le par Bertrand

             L’autre défaut signalé chez les jeunes comédiens, c’est aussi celui lié à la monotonie vocale : un texte est vivant et doit permettre au comédien de jouer sur les nombreuses  facettes de son personnage. Toute la supériorité de l'acte de théâtre sur l'acte de lecture est ici vérifiée et atteste de la validité de la formule de Kafka qui dit : « si la lecture n’est pas une expérience physique, ce n'est pas la peine de lire ». Le public au théâtre n'est pas forcément consommateur de livres, mais il peut être captivé par ce qui est dit sur scène, à condition que le comédien l'entraîne avec lui !  Prenons un exemple toujours dans le même extrait et suivons Rebecca quand elle dit :
 
« Rebecca :Alors emmène-moi loin d’ici, Ronald ! Un jour, tu m’as dit qu’on partirait ensemble pour le Brésil ! Alors, ne tardons plus ! Lou appartient à une grande famille. Elle nous a assuré que là-bas, elle connaissait des gens haut placés, et que nous y vivrions comme des princes… Je ne veux plus de cette vie de saltimbanque ! Tu as les moyens de vivre autrement et d’entretenir comme une reine l’ex Lady Macbeth ! Eh bien, tu sais que Lady Macbeth est prête à tout pour nous deux ! Elle est prête à mordre, pourvu qu’on lui donne viande à son ambition. »
              Après la détresse, la frénésie tragique dans laquelle nous l’avons vue, elle redevient un instant la femme amoureuse, implorant son amant. Alors emmène-moi loin d’ici, Ronald ! Un jour, tu m’as dit qu’on partirait ensemble pour le Brésil ! Alors, ne tardons plus ! Lou appartient à une grande famille. Elle nous a assuré que là-bas, elle connaissait des gens haut placés, et que nous y vivrions comme des princes… Une femme amoureuse, c’est indéniable mais une femme amoureuse qui a l’énergie et l’impatience de Lady Macbeth et qui connaît la lâcheté de son compagnon, celui en qui « coule le lait de la tendresse humaine »… Alors, elle le secoue (et Ronald profite de la situation, se met derrière elle, la laisse retrouver la pleine mesure de son tempérament car c’est justement de ce tempérament là dont il a besoin pour se débarrasser de Heather). Je ne veux plus de cette vie de saltimbanque ! Tu as les moyens de vivre autrement et d’entretenir comme une reine l’ex Lady Macbeth ! Quand elle reparle de Lady Macbeth, elle le fait avec la mâchoire, et ce mouvement de rage doit être à nouveau effrayant et ramener la coloration tragique Eh bien, tu sais que Lady Macbeth est prête à tout pour nous deux ! Elle est prête à mordre, pourvu qu’on lui donne viande à son ambition.

              Et ainsi on avance encore à petits pas sur des séquences courtes mais intenses dans la qualité du travail des acteurs…

 

F1000017.JPGDawn at Urquart Castle near Loch Ness : 4 a.m on a june morning (collection personnelle)

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