Dans l’atelier d’un livre, épisode 14 : confidences de lecture (3/3)
Alors que "Lire et pâlir à sa vue" commence à arriver chez celles et ceux qui l’ont déjà commandé et qu'un premier article relatif à sa publication est programmé prochainement, voici le dernier volet de cette série de trois consacrée aux « confidences » que les lecteurs et lectrices ont eu la délicatesse de me fournir. L’une d’entre elles se revoit enfant, auprès du feu, attachée à son livre et incapable de lâcher prise, au point de chercher à se claquemurer entre la page du début et la page de fin et refusant obstinément les invitations de ses amies à venir jouer, ou plus tard, à aller danser. D’autres d’ailleurs se souviennent aussi de leur enfance et de leur adolescence et évoquent avec mélancolie la présence obsédante de ce compagnon d’intimité qui leur permettait sans faire de bruit, de transgresser la Loi, car on leur disait toujours que « lire, c’était perdre son temps », c’était aussi ne rien produire de concret, se bercer d’illusions ou verser dans des pensées vicieuses. Comme disait ma grand-mère : « lâche donc ce livre, ça va finir par te donner des idées… »
En t’enfermant dans un livre, tu peux rendre jaloux les autres. Qu’est-ce qui vaut le mieux ? Une sortie en boite ? Une rencontre sur Meetic ? Une série Netflix ? Ou alors un bon livre qui ne te décevra pas ? Une lectrice se souvient : « Douce fébrilité quand j’étais gamine devant je ne sais plus quelle série télévisée et qui me prenait encore plus fort quand un livre me happait et qu’il me fallait cependant le refermer dans l’attente délicieuse d’y revenir. »
Et comment résister ? La lecture offre un moment de grâce et d’oubli qui reste ancré (et encrée) au cœur à la façon de l’un de ces souvenirs miraculeux qui jalonnent l’existence : « Le plaisir de l'interdit, le délice des couvertures et des mots cachés et découverts sous la lampe de poche… Rien ne pourra changer ce que j'ai vécu avec la lecture dans ces moments-là et je recherche souvent ces instants de plénitude. » La lecture transporte. Elle amène loin et fait vivre à peu de frais, des aventures que le monde réel ne peut offrir. « Je ne suis plus la fade personne que je suis dans la "vraie vie" mais une héroïne qui n'a peur de rien ou une pauvre âme sur laquelle tous les malheurs s'abattent mais je "vis" une vie parallèle et deviens une autre. »
Tout cela peut tout simplement avoir lieu au fond de son lit « avant de s’endormir, comme toutes celles et ceux qu’on appelle librocubicularistes » ou sur le siège d’un train qu’on attend impatiemment de prendre le matin ou le soir ; alors, les paysages et les visages se mettent à défiler, les poteaux télégraphiques et les lignes sur la buée des vitres : « Lorsque je travaillais, je me réjouissais de prendre et de reprendre inlassablement le train. » Mais avec le livre, il n’y a jamais de terminus. Car l’un des plaisirs de lecteur, c’est aussi celui de pouvoir partager et de léguer aux autres les mots et les histoires. À deux semaines de la dernière édition des nuits de la lecture, plusieurs lecteurs confient le plaisir ressenti à faire entendre des textes ou à lire des histoires, et notamment aux enfants : « Moment de partage magique grâce à la capacité qu’ils ont à s’émerveiller, à vivre pleinement l’histoire, à laisser leur imaginaire les emporter ». Une lectrice se souvient d’un oncle qui lisait à voix haute auprès du feu et qui, par ses mimiques, la troublait et la faisait rire parce qu’il était comme possédé par les fantômes du récit.
Je reviens sur cette dimension du livre comme outil merveilleux de communication la semaine prochaine. Et pour celles et ceux qui souhaitent commander « Lire et pâlir à sa vue », passez par ce lien et bénéficiez d’une réduction jusqu’au 21 février en tapant le code PALIR5 : https://www.helloeditions.fr/product/lire-ou-palir-a-sa-vue/