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Dosette de lecture n°171 : Giraudoux : Ondine, l’onde et l’ondine de choc

Publié le par Eric Bertrand

Est-il possible de tomber amoureux d’une créature qui n’habite pas le même monde que nous et est-il possible que cet amour résiste au temps ? C’est la question que pose Giraudoux dans cette pièce insolite qui met en scène une troublante créature, « une ondine » de quinze ans, belle comme le « wasserfall blond » que Rimbaud devine à l’aube, « échevelée à travers les sapins ».

Cette innocente Ondine s’entiche d’un beau chevalier, un certain Hans, dont elle ne parvient pas à admettre les insuffisances et les infidélités ; avec la vigueur du torrent, elle s’accroche à une image comme au miroir de l’eau : « Il m'a dit qu'il m'aimerait toujours. » Pourtant, le spectateur apprend que le joli cœur a promis de se marier avec la princesse « Bertha » et que rien ne pourra l’en empêcher ; il appartient à un monde qu’Ondine ne parvient pas à comprendre, un monde beaucoup trop mesquin et trop limité pour ses aspirations. Hans, lui-même le déplore : « Ce n’est pourtant pas tellement attrayant la vie humaine, avec ces mains qu’il faut laver, ces rhumes qu’il faut moucher, ces chevaux qui vous quittent. »

Mieux vaut pour notre Ondine le fond de la rivière que les reflets trompeurs et éphémères qui scintillent en surface !

Dosette de lecture n°171 : Giraudoux : Ondine, l’onde et l’ondine de choc

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Juke-box n°3 : Julien Clerc : « Poissons morts », les dangers de la brillantine...

Publié le par Eric Bertrand

En ces temps si troublés, méditons à la fois la phrase de Saint-Exupéry : « On n’hérite pas la terre de nos ancêtres, ils nous la prêtent pour que nous la préparions à nos enfants » et celle du chef indien Sitting Bull : « Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas ». Bien avant les préoccupations liées au réchauffement climatique, au développement durable ou à la préservation des richesses, en ces temps où on ne parlait pas encore de gaz de schiste, de pollution aux particules, d’effet de serre, ou de toutes ces « arnaques » ou « canulars » comme les qualifie Trump, la conscience de la fragilité de notre planète s’imposait déjà comme une évidence.

Tant de catastrophes ont eu lieu depuis.

En 1973, Julien Clerc, chantait « Poissons morts », sur un texte d’Etienne Roda-Gil : « Poissons morts, qui descendez le cours des fleuves, poissons morts… » Comme souvent, chez ce parolier poète, le sens de certaines expressions échappe à la première lecture. Qu’était-ce que « la brillantine des dieux ? » J’écoutais cela et j’avais 12 ans. Je savais que mon grand-père, s’en mettait sur les cheveux pour les rendre lisses et les faire briller. Quand il s’était coiffé, il ressemblait aux images colorées des vieux salons de coiffure, à cette époque où les hommes avaient des airs de toréadors ou de chanteurs de rockabilly. Moi, je n’avais pas droit à la brillantine. Produit réservé aux adultes ! Du haut de l’étagère, cette autre « fée verte » jetait des reflets parfois bleus, parfois verts ... Mais, sitôt sorti du flacon, le liquide laissait des tâches dans l’eau du lavabo, un peu comme les flaques de pluie dans les stations-service… « La graisse de mitrailleuse, n’est pas la brillantine des dieux ».

La pollution s’étendait sournoisement sur la planète, les usines crachaient leurs fumées et leurs produits toxiques dans les rivières, les pétroliers nauséeux vomissaient dans l’océan. Et j’entendais aussi d’autres « yéyés » chanter le Torrey Canyon et son mazout, ou l’Amoco Cadiz et son goudron : « Cent vingt mille tonnes de pétrole brut », « Je suis un pêcheur de Portsall et mes oiseaux crèvent tout sales ». Comme en écho au film avec Charlton Heston « La Planète des Singes », Johnny, sur l’air de la septième de Beethoven, récitait un texte de Philippe Labro : « Qui a couru sur cette plage ? Elle a dû être très belle. Est-ce que son sable était blanc ? Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes dans le creux de chaque dune ? »  Et Jacques Dutronc ou Georges Moustaki évoquait, chacun à sa façon, leur jardin évanoui : « Il y avait un jardin qui s’appelait la terre » …

Et aujourd’hui, en 2025, comment se portent ces jardins, ces plages et ces rivières ?

             Poissons morts, qui descendez cette rivière, allez donc dire à mon amour que je me perds en longs discours » …

 

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Dosette de lecture n°170 : Philippe Claudel : « Wanted », règlements de deals à OK Corral…

Publié le par Eric Bertrand

Comment Trump pourrait-il se débarrasser de Poutine ?

Musk, qui (dans ce cocasse petit roman de Philippe Claudel) travaille encore de concert avec le Président des États-Unis, est prêt à récompenser le « cow-boy » qui, en échange d’un milliard de dollars, aura « la tête de ce fils de pute ». Dans ce monde à peine décalé où le prince des mafieux, déclare, pendant que vomit et rote le dernier de ses quatorze enfants : « moi et mon argent, nous changerons le monde ! » Trump applaudit « l’homme de bien et de foi », car, au moins, en voilà un « qui a des couilles ! »

Insultes, menaces, foire aux muscles, actions violentes, la réplique des Russes ne se fait pas attendre et elle est loin de relever le niveau de grossièreté et de violence quasi burlesque dans laquelle l’auteur a choisi de se placer pour évoquer la triste évolution du genre humain aux prises avec « le bruit et la fureur » caractérisant notre époque. Shakespeare l’avait senti en son temps, mais on était au XVI° siècle : « Time is out of joint ». Sur le « green cabossé » du XXI° siècle, Trump est évidemment l’aveugle golfeur en chef et le Roi Ubu d’une farce qui restitue très bien ses postures et ses discours à l’emporte-pièce : « Quand on tape dans une balle de golf, c’est dans le monde que l’on frappe. » 

Et qu’adviendrait-il si Poutine était éliminé ? En Russie ? En Ukraine ? Et si Père Ubu, retroussant les manches, signait de nouveaux décrets pour réguler les lois élémentaires de l’existence humaine et forçait la Faucheuse à un nouveau « great deal » !

Trump; Poutine; Musk; roman

Trump; Poutine; Musk; roman

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Juke-box n°2 : Francis Cabrel : « Rockstars du Moyen-Age », la petite note au milieu du tulmulte.

Publié le par Eric Bertrand

Brassens - qui aimait à se déclarer « foutrement moyenâgeux » - célébrait déjà l’héritage de « Maitre François » ; Ferré chantait celui de Rutebeuf et Voulzi, dans son album « Lys and love », se demandait à sa façon ce « qu’étaient ses amours devenues ». Comme eux, nous avons tous en tête au moins quelques bribes de Tristan et Iseut, du Conte du Graal, ou du Roman de la Rose.

Cabrel a le cœur lourd quand il chante ce texte qu’on dirait cueilli dans « les roses et les orties » ou près de « la cabane au fond du jardin » à une époque déjà lointaine – les années 80 - où il distinguait à peine « les traces de l’eau des fontaines » et les « robes envolées des belles promises ». Dans ce monde où étaient « allumés les postes de télévision » - augmentés, depuis, de tous ces écrans parasites - il rêvait déjà « de champs d’étoiles et de pluie de jonquilles » ; afin de résister et de ne pas sombrer dans la morosité, il revendique aujourd’hui les « traits de plume » des « Rockstars del media d’age » dont il est le digne héritier.

Grâce à lui, on repense à Bernard de Ventadour, à Jaufré Rudel, à Guillaume et à cent autres troubadours et chacun prend envie de faire comme lui, de se passer « la guitare autour du cou » et de gratter des colliers de mots capables d’apporter leur petite note au milieu du tumulte.

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Dosette de lecture n°169 : Collodi : “Pinocchio”, de la tête de bois à la tête pensante.

Publié le par Eric Bertrand

Dosette de lecture n°169 : Collodi : “Pinocchio”, de la tête de bois à la tête pensante.

Qu’arrive-t-il à une tête de bois comme celle de Pinocchio lorsque ce pantin se comporte en filou ? A travers ce conte si souvent adapté et prolongé par des versions plus ou moins fantaisistes, Collodi offre à son jeune lecteur l’occasion d’une mise en garde contre les dangers de la fausse route et du penchant au plaisir et à la paresse.

Mais, chemin faisant, sa marionnette intelligente, privée de son « Chat Gepetto », est confrontée à des aventures et des mésaventures qui lui font côtoyer toute une galerie de personnage troubles et mal intentionnés. Et, à cette inéluctable école de la vie, sa conscience s’éveille et lui permet de devenir un petit garçon bien réel et doté enfin d’une tête sur les épaules ! 

 

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