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« En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°5) Shakespeare : Roméo et Juliette

Publié le par Eric Bertrand

On connaît l’histoire tragique de ces deux amants confrontés à la fois au vertige de la Passion et à la logique implacable de la Haine clanique. Mais cette aventure telle que la rapporte Shakespeare concerne aussi l’ordre du monde et du cosmos comme si les affaires des hommes se jouaient au-delà du théâtre de la vie, dans la magie du langage et du cycle naturel. C’est dans ce sens que vont ces citations extraites de la pièce.

  • L’aube aux yeux gris couvre de son sourire la nuit grimaçante et diapre de lignes lumineuses les nuées d’ouest.
  • Le jour joyeux se dresse sur la pointe du pied au sommet de la montagne.
  • L’ombre couperosée chancelant comme un ivrogne s’éloigne de la route du jour devant les roues du Titan radieux.
  • L’index libertin du cadran est en érection sur midi.
  • Juliette apprend aux flambeaux à illuminer ! Sa beauté est suspendue à la face de la Nuit comme un riche joyau à l’oreille d’une Ethiopienne. 
  • Viens gentille nuit, viens chère nuit au front noir, donne-moi mon homme et quand il sera mort prends-le et coupe le en petites étoiles et il rendra la face du ciel si splendide que tout l’univers  sera amoureux de la nuit et refusera son culte à l’aveuglant soleil.

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« En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°4) Giraudoux, « la Guerre de Troie n’aura pas lieu »

Publié le par Eric Bertrand

Comme d’autres dramaturges de son époque, Giraudoux interroge les mythes anciens pour réfléchir sur la modernité. La guerre de Troie s’est déclenchée à cause d’une « beauté fatale » : celle de la Grecque Hélène qui a bouleversé le cœur du Troyen Pâris et précipité le Destin : « le Destin, c’est l’accélération du Temps ».

Dans cette tragédie, Giraudoux constate amèrement qu’il y a une sorte de vocation des hommes à faire la guerre ; à s’envoyer des missiles avec une sorte d’acharnement ridicule et quel qu’en soit le prétexte (même si, à la fin, Pâris consent à rendre Hélène à Ménélas)

Que ce soit aux portes de Troie ou d’une autre cité, le cheval furieux s’est emballé au détriment de l’humanité et de l’équilibre, et les soldats aliénés s’enivrent de l’odeur de la bataille comme ce chevalier du film Sacré Graal qui veut à tout prix se battre malgré les amputations qu’il a déjà subies : « Si toutes les mères coupent l’index droit de leur fils, les armées de l’univers se feront la guerre sans index. Et si elles lui coupent la jambe droite, les armées seront unijambistes… »

 

« En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°4) Giraudoux, « la Guerre de Troie n’aura pas lieu »

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« En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°3) Jack London : « le Loup des mers »

Publié le par Eric Bertrand

L’habitacle d’une goélette en route vers les mers du Sud est un monde clos. C’est un peu « les planches du navire glissant sur les gouffres amers » que décrit Baudelaire. Le capitaine de cette menaçante petite planète, le sinistre Lou Larsen, impose à son équipage un mode de vie, une conscience et une législation bien particuliers. De ce ventre de l’océan où ne règnent que violences, tempêtes et sournoises accalmies propices au massacre et au dépeçage des phoques (et des albatros), le romancier (qui a, au cours de ses multiples existences participé à des campagnes de chasse au phoque) tire à la fois un récit palpitant et une méditation sur les bas instincts de l’homme. 

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« En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°2) Barbey D’Aurevilly : « L’Ensorcelée ».

Publié le par Eric Bertrand

Il y a des endroits qui se ressemblent et qui entretiennent les uns avec les autres d’étranges correspondances. Ce roman commence par une rêverie sur la lande du Cotentin… Face à cette étendue sauvage, l’auteur se demande (en 1852) quelle part sera laissée au pouvoir de l’imagination du fait de « l’effroyable mouvement de la pensée moderne ».

Son récit le ramène à l’époque des Chouans qu’il compare à l’après Culloden en Écosse. « Une époque aussi intéressante à sa manière que l’époque de 1745 en Écosse, après la longue infortune de Culloden. On sait que tout ne fut pas dit après Culloden et qu’il resta encore dans les Highlands plusieurs partisans en kilt et en tartan qui continuèrent sans réussir le coup de feu comme les Chouans… »

Le héros, l’abbé de la Croix Jugan est un de ceux-là et, dans tous les sens du terme, un revenant… Il cache sous son capuchon noir un visage monstrueux, une « gueule cassée » par une balle. Mais la dévote et exaltée Jeanne de Feuardent tombe éperdument amoureuse de ce personnage dont la voix et la pensée la fascinent.

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Dosettes de lecture

Publié le par Eric Bertrand

« En lisant, en écrivant »

Je reprends ce titre de Julien Gracq pour annoncer une nouvelle rubrique. Alors que je travaille à mon prochain roman qui portera sur la lecture, je vous propose des « lectures dosettes » pour donner envie de lire ou de relire certaines de ces grandes œuvres qui font du bien et agissent sur le psychisme de façon… homéopathique.

« En lisant, en écrivant »… (Dosette de lecture n°1)

Balzac, le Chef d’œuvre inconnu

« En s’approchant, ils aperçurent dans un coin de la toile, le bout d’un pied nu qui sortait de ce chaos de couleurs, de tons, de nuances indécises, espèce de brouillard sans forme… » De quelle toile s’agit-il ? Qu’a peint cet artiste quêteur forcené de la Beauté et qui a farouchement voulu dissimuler aux yeux du public son œuvre ultime ?

La découverte a lieu, d’après Balzac qui aime balader son lecteur au cœur de l’espace parisien, dans la Rue des St Augustin. C’est aussi dans un appartement de cette même rue que Picasso choisira de s’enfermer pour peindre « Guernica »… Et devant le spectacle de l’horreur, la peinture explose. Le peintre halluciné saisit une humanité en morceaux, des civils dépecés, victimes de la férocité guerrière ; son coup de pinceau secoue le lecteur et lui offre l’occasion d’une méditation sur l’atrocité des guerres et sur les tentatives désespérés d’un l’artiste, en proie lui aussi au doute éternel. 

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