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Gainsbourg, Baudelaire et les jardins de l’art

Publié le par Eric Bertrand

« De l’été c’est la fin

Les fleurs ont perdu leurs parfums

Qu’emporte un à un

Le temps assassin »

 

Ce quatrain extrait de la chanson de Gainsbourg, « Dépression au-dessus d’un jardin », a des accents profondément baudelairiens. Elle constate l’état de spleen du poète des « Fleurs du Mal » et associe subtilment le psychologique au météorologique. L’âme du Baudelaire, avant d’être « un cimetière abhorré par la lune » est un jardin dévasté par l’automne.

 

« Le Tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage

         Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils »

 

Un seul coupable aux yeux des deux dandys… Le temps qui « mange la vie » et « qui ronge le cœur ». A moins que l’été prochain, ne ramène sinon l’amour, du moins « les fleurs nouvelles que je rêve » : l’œuvre d’art, « les Fleurs du mal », le jardin retrouvé, la promenade élégante de Catherine Deneuve, la fragilité épanouie de Jane Birkin, la beauté végétale de Brigitte Bardot !

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"Taper la route" : quatrième de couverture : en route pour les Etats-Unis !

Publié le par Eric Bertrand

Terminé.

Après la couverture, l’illustrateur vient de livrer la quatrième de couverture…

Sa double interprétation du livre à paraître est parfaitement en phase avec le contenu du roman dont la maquette part chez l’imprimeur dès demain…

Etats-Unis ; autostop

Etats-Unis ; autostop

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Serge Gainsbourg et Musset : de la petite fontaine à la nuit d’octobre

Publié le par Eric Bertrand

Serge Gainsbourg et Alfred de Musset partagent de nombreux points communs. La soif de l’absolu, la fantaisie et la déprime, le goût des femmes, de la dérision, de l’autodestruction, du tabac, de l’alcool. Le dandysme aussi… Le dandysme à la Oscar Wilde, élégance qui les menait à cultiver à la fois la provocation et le paradoxe, à jouer des miroirs, tantôt Gainsbourg, tantôt Gainsbarre, tantôt Coelio, tantôt Octave, tantôt Lorenzo et tantôt Lorenzaccio.

             C’est aussi la terrible appréhension d’une blessure à venir qui travaille tous les textes de Musset et tous les textes de Gainsbourg. La petite fontaine qui coule dans le parc du château du baron dans la belle pièce de Musset « On ne badine pas avec l’amour » a une valeur profondément métaphorique : son écoulement doux et timide, dans un coin de prairie cher au cœur du héros semble annoncer « la source des pleurs »… Perdican, qui a grandi dans cette terre sacrée de son enfance y revient dix ans plus tard retrouver Camille qu’il espère épouser. Le grand jeune homme cultivé et mature qu’il est devenu est alors saisi d’un étrange frémissement. « Le vert paradis des amours enfantines » comme le désigne Baudelaire, autre mentor de Gainsbourg, ouvre en lui la blessure.

             Ces larmes que Perdican trouve dans la fontaine alimentent les pleurs des personnages des pièces de Musset mais aussi les larmes qui coulent dans ses poèmes. De la même façon, de nombreuses chansons de Gainsbourg, chantées par Jane sur un fond de musique sublime s’élèvent dans l’air léger comme une poudre d’eau : « Quoi ? », « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve », « Lost song », « Baby alone in Babylone », « Con c’est con ces conséquences »….

             Il faut pour expliciter tout cela réécouter l’un des poèmes de Musset, « la nuit d’octobre », que Gainsbourg a mis en musique à l’époque où il n’avait pas encore rencontré Jane.

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"Taper la route" : la couverture !

Publié le par Eric Bertrand

Plus que quelques semaines avant parution... Et aujourd'hui, la couverture.

"Taper la route" : la couverture !

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L'amour sur le Cap Fréhel

Publié le par Eric Bertrand

Souvent en terre de Bretagne, le vent soulève l’écume, la porte sur le rivage et fait rêver les dunes, les prairies et les chevelures. La musique soulève l’écume des notes, la musique voltige, c’est celle de Julien qui revient visiter de toute sa voix et de tout son piano le vieux granit de la côte armoricaine.

C’est le Cap Fréhel où basculent tous les amoureux et les contemplatifs. Petit chemin qui s’en va vers la lande, les rêves et les menhirs, et en contrebas respirent les grandes plages qui vont jusqu’aux Sables d’or par le sentier des douaniers. Les pieds sont dans l’eau fraîche, ça sent le goémon et l’eau vive, on entend passer le vol des mouettes et leurs ailes sont des cymbales.

Mains sur la taille, la sveltesse des hanches, bras attachés par un fil d’osier sur la nuque, regards complices, têtes appuyées dans le creux de l’épaule, menottes des enfants qui courent dans le sable et abandonnent leurs cheveux à la crinière de l’écume. Tu les attends accroupis et tu les entends rire et se précipiter. « Les beaux jours, mon dieu qu’ils passent vite… »

Tu les embrasses, ils ont des larmes de sel sur les joues. Un promeneur passe discrètement, il a du sable qui coule entre les doigts, et il le laisse filer. Tu regardes les pointes de Saint-Cast et de Saint-Lunaire. « Voyageur devant une mer de nuages », tu fixes l’horizon. « Partout la musique vient », et l’amour qui monte dans les reflets du piano est enfin une mer sans nuages. Tu marches lentement, tu t’allonges sur la plage, tu étreins un visage, tu plonges dans les yeux, bien loin au fond des yeux…

L’hiver approche du fond du ciel un peu pâle déjà. Rocaille grise et corail inversé du genêt sur la ligne de côte. « La côte gardera sa rage et le froid crachin son rire »... Vision tournoyante des falaises, du roc déchiré et de la mer transparente. Les musiciens sont embarqués sur une pointe de rocher, le drapeau flotte sur l’orchestre emballé, et Julien est le capitaine qui hisse pavillon : « Tu sais que ça chante en moi »

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